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VÉGÈCE.

Institutions militaires.
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LIVRE PREMIER

CHAPITRE PREMIER.

Que les Romains ne se sont rendus maîtres du monde que par la science des armes.

En tout genre de combat, c’est de l’art et de l’expérience, bien plus que du grand nombre et d’une valeur mal conduite, qu’il faut attendre la victoire : aussi voyons-nous qu’il n’y a qu’une adresse supérieure dans le maniement des armes, une exacte discipline et une longue pratique de la guerre, qui aient rendu les Romains maîtres de l’univers ; sans cela, leur petit nombre eût-il pu tenir contre la multitude des Gaulois, leur petite taille contre la hauteur gigantesque des Germains ? On sait que les Espagnols nous surpassaient par le nombre et par la force du corps ; les Africains, par la ruse et par les richesses ; les Grecs, par les sciences et les arts.

Mais nous savions mieux que tous ces peuples choisir de bons soldats, leur enseigner la guerre par principes, les fortifier par des exercices journaliers, prévoir tout ce qui peut arriver dans les diverses sortes de combats, de marches, de campemens ; punir les lâches : or, toutes ces parties de la science militaire élèvent le courage. On ne craint point de pratiquer ce qu’on a bien appris ; c’est ce qui fait qu’une petite troupe aguerrie et disciplinée l’emporte toujours sur une plus nombreuse, mais moins disciplinée ou moins aguerrie : deux défauts qui exposent des combattans à la défaite la plus meurtrière.


CHAPITRE II.

De quel pays il faut tirer des soldats.

L’ordre naturel demande que j’examine d’abord d’où il faut tirer des soldats. Quoiqu’il naisse en tout pays de braves gens et des lâches, on voit cependant des nations l’emporter sur d’autres, à quoi le climat contribue beaucoup en influant plus ou moins, non-seulement sur la vigueur du corps, mais même sur celle de l’âme. Les peuples trop méridionaux, disent de savans physiciens, desséchés par l’ardeur du soleil, ont plus de jugement, mais moins de valeur parce qu’ils craignent que le peu de sang qu’ils ont ne s’é-