Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/324

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CHAPITRE VII.
Des professions qu’on doit admettre ou refuser dans la milice.

Il y a encore des attentions à faire sur les métiers qu’exercent ceux qu’on veut enrôler. Pour moi, je voudrais qu’on exclût de la milice les pêcheurs, les oiseleurs, les pâtissiers ou gens de cuisine, les tisserands et en général tous ceux qui exercent des professions de femmes. Ou fera bien au contraire, de préférer les forgerons, les charpentiers, les bûcherons et les chasseurs de bêtes fauves. Si le salut de la république dépend de choisir pour soldais, non-seulement les mieux faits, mais les plus courageux de ses sujets ; si les forces de l’empire et la gloire du nom romain ont leur principe dans ce premier choix, tous les détails en sont importans ; c’est pourquoi le soin des levées est une commission si délicate ; et l’on ne doit pas la donner indifféremment à tout le monde, puisqu’elle demande des talens que les anciens ont admirés dans Sertorius, parmi tant d’autres qualités militaires.

On doit même chercher, autant qu’on le peut, la naissance et les mœurs dans la jeunesse à qui on confie la défense des provinces et la fortune des armes. On fait ordinairement un brave soldat d’un homme bien né l’honneur l’oblige de vaincre en l’empêchant de fuir ; mais ni les exercices, ni les camps ne donnent des sentimens à ceux qui en manquent. Des armées levées sans choix ne deviennent jamais bonnes ; nous l’avons appris par notre expérience. Tant de pertes que les ennemis nous ont fait éprouver partout ne doivent s’imputer qu’au relâchement qu’une longue paix avait introduit dans les levées, à ce goût dominant qui entraîne les meilleurs citoyens dans les charges civiles, à la négligence et à la lâcheté des commissaires qui remplissaient indistinctement les milices et faisaient des soldats de misérables que les particuliers dédaignaient pour valets. Un mérite supérieur et une application particulière dans ceux qui seraient chargés des levées corrigeraient ces abus.


CHAPITRE VIII.
De la marque de la milice.

Malgré les soins qu’on aura apportés à choisir les nouveaux soldats, il faut les éprouver pendant quelque temps avant que de leur imprimer les marques de la milice. Il serait imprudent de s’en rapporter absolument aux apparences de la figure qui sont souvent trompeuses ; et ce n’est que dans les exercices qu’on peut décider si les hommes ont la légèreté et la forcé qu’exige la profession des armes, s’ils ont de l’intelligence pour apprendre leur métier, et s’ils sont nés avec du courage. Tous ceux qui manqueront de ces qualités doivent être renvoyés sur-le-champ ; parce que c’est moins le nombre qui gagne les batailles que la valeur. Alors on marquera pour la milice ceux qu’on aura jugés véritablement propres à faire des soldats, et l’on commencera à leur montrer le maniement des armes dans les exercices journaliers ; mais l’oisiveté d’une longue paix a aboli la pratique. Que trouvera-t-on aujourd’hui qui puisse enseigner ce qu’il n’a jamais appris ?

Nous sommes donc obligés de rechercher dans les livres les anciens usages mais les historiens se contentent de rapporter les faits importans, les événemens de guerre, et passent sous