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végèce, liv. i.


pièces ; car quoiqu’elle ne cause point de fracture à aucun membre, et qu’elle ne tire point de sang, elle ne laisse pas de porter des coups mortels. Aussi, nos anciens s’en servaient-ils comme d’une arme d’autant plus commode, qu’elle ne charge point le soldat. Elle est aussi d’un usage fréquent à la guerre, soit qu’on ait à combattre sur un terrain pierreux, soit qu’on ait à défendre l’approche d’une montagne, d’une colline, d’une ville ou d’une forteresse.

Il est bon d’exercer le nouveau soldat à lancer ces dards nommés plumbatæ. Nous eûmes autrefois en Illyrie deux légions de six mille hommes chacune, qui les lançaient avec tant de force et d’adresse, qu’on les distingua par leur surnom honorable de Martiobarbuli. On leur dut pendant longtemps un si grand nombre de victoires, que les empereurs Dioclétien et Maximien les appelèrent Joviens et Herculiens, les préférant à toutes les autres légions. Ils portaient toujours cinq de ces dards cachés dans l’intérieur de l’écu ; de sorte qu’en les lançant à propos, tel qui ne paraissait armé que de la lance et de l’écu faisait tout d’un coup fonction d’archer, blessant hommes et chevaux, avant qu’on en vînt aux mains et même aux traits.


CHAPITRE XIV.

Comment on exerce les nouveaux soldats pour leur apprendre à monter à cheval.

On accoutumait autrefois à l’exercice du cheval non-seulement les nouveaux soldats, mais même les anciens ; usage qui se pratique encore quoiqu’avec moins d’exactitude. On plaçait pour cela des chevaux de bois, l’hiver, sous les toits, l’été, en pleine campagne. Les nouveaux soldats y montaient d’abord sans armes, ensuite tout armés. Ils se rendaient cet exercice familier, au point qu’ils parvenaient à monter indifféremment, à droite et à gauche, l’épée nue ou le javelot à la main ; ainsi, par l’habitude continuelle qu’ils en faisaient en temps de paix, ils conservaient cette agilité en temps de guerre, dans le tumulte même inséparable du combat.


CHAPITRE XV.

Il faut accoutumer les nouveaux soldats à porter des fardeaux.

Dans la nécessité où sont les soldats de porter leurs armes, et même des vivres, pour les expéditions lointaines, il faut les accoutumer à marcher souvent au pas militaire, chargés d’un fardeau qu’on peut pousser jusqu’à soixante livres. Il ne faut pas s’imaginer que cela soit difficile, il n’y a rien dont l’habitude ne facilite l’usage. Virgile nous apprend quel était celui des anciens. Voilà, dit-il, comment, du temps de nos pères, le soldat marchait avec ardeur sous un, fardeau excessif, se trouvait campé, et même en ordre de bataille, avant que l’ennemi le crût arrivé.


CHAPITRE XVI.

De quelles armes se servaient les anciens.

L’ordre demande que nous parlions maintenant des armes offensives et défensives du soldat, sur quoi nous avons tout-à-fait perdu les anciennes coutumes et quoiqu’à l’exemple des Goths, des Alains et des Huns, nous ayons ajouté quelque chose aux armes défen-