Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/333

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que l’histoire fabuleuse s’est crue en droit de faire naître chez eux le dieu de la guerre.

Sans perdre le temps à détailler les talens militaires de toutes les nations, il suffirait, pour prouver ce que j’avance, de parler des Romains qui les ont vaincues ; cependant nous éprouvons actuellement que ces mêmes Romains ayant penché depuis quelque temps, les uns vers un agréable loisir, les autres vers des emplois civils, nos exercices militaires sont insensiblement faits avec plus de négligence ; qu’on s’est accoutumé ensuite à les regarder comme inutiles ; qu’on les a enfin oubliés tout-à-fait.

Il ne faut donc pas nous étonner que cela nous soit arrivé dans cette sécurité qui suit ordinairement une longue paix, puisque dans l’intervalle de vingt ans, qui s’écoulèrent entre les deux guerres puniques, les Romains victorieux et tranquilles s’engourdirent de façon à ne pouvoir tenir contre Annibal ; mais, ranimés enfin par la perte de leurs consuls, de leurs capitaines, de leurs armées entières, ils ramenèrent la victoire dès qu’ils eurent repris les exercices et la discipline militaire. Il ne faut pas d’autres preuves de la nécessité de choisir avec soin et d’exercer sans cesse les nouveaux soldats. D’ailleurs, il en coûte beaucoup moins de former ses propres sujets que de prendre des étrangers à sa solde.


FIN DU LIVRE PREMIER.