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césar.

portes, et furent tranquilles le reste du jour.

33. Sur le soir, César fit fermer les portes et sortir les siens, de peur que, la nuit, les soldats n’insultassent les habitans. Mais ceux-ci, par une trahison concertée d’avance, et s’imaginant que nos lignes, à cause de leur soumission, seraient ou dégarnies ou négligemment gardées, prirent les armes qu’ils avaient cachées, se munirent de boucliers d’écorces d’arbres ou d’osier, qu’ils avaient à la hâte couverts de cuir ; puis, vers minuit, ils sortirent tout-à-coup de la ville avec leurs forces réunies, pour attaquer notre camp du côté qui paraissait le moins fortifié. L’alarme ayant été aussitôt donnée par des feux, suivant l’ordre de César, on y accourut en diligence de nos forts voisins. Les ennemis se battirent comme des braves qui sont dans le plus pressant danger ; leur position était désavantageuse ; on leur lançait des traits du rempart et des tours ; et ils n’avaient d’espérance qu’en leur courage. On en tua quatre mille ; le reste fut repoussé dans la ville. Le lendemain, les portes ayant été forcées sans opposition, César entra dans la place avec toute son armée, et fit vendre à l’encan tous les habitans, qui, suivant l’état que lui en fournirent les acheteurs, montaient à cinquante-trois mille âmes.

34. Dans le même temps, il apprit de P. Crassus, qu’il avait envoyé avec une légion contre ceux de Vannes, du Cotentin, et de Saint-Paul de Léon, de Tréguier et de Saint-Brieu, de Quimpercorentin, de Séez, du Maine, du Perche, d’Évreux et de Rennes, peuples maritimes situés le long de l’Océan, que tous ces états avaient été réduits sous la puissance des Romains.

35. Par-là toute la Gaule ayant été pacifiée, cette guerre fit une telle impression sur les Barbares, que les nations situées au-delà du Rhin envoyèrent offrir à César de se soumettre, et de lui donner des otages. César les remit à l’été suivant, parce qu’il était pressé de retourner en Italie et en Illyrie. Après avoir mis ses troupes en quartier d’hiver dans l’Anjou, la Touraine et le pays Chartrain, toutes contrées voisines des lieux où il venait de faire la guerre, il partit pour l’Italie ; et, sur la relation de sa campagne qu’il envoya lui-même au sénat, on ordonna quinze jours de prières publiques ; ce qui ne s’était jamais fait.



LIVRE TROISIÈME.

Guerre des Romains dans le Valais. — Révolte des peuples de Vannes en Bretagne. — Défaite de ceux d’Évreux, de Lisieux et de Coutance. — Conquête de la Gascogne. — César ravage les terres et brûle les maisons des habitans de Térouenne et de Gueldre.
An avant J. C. 56, de Rome 598.

1. César, partant pour l’Italie, envoya Sergius Galba avec la douzième légion et une partie de la cavalerie dans le haut et le bas Valais, dont les peuples s’étendent depuis les frontières de la Savoie, le lac de Genève et le Rhône, jusqu’au plus haut des Alpes. Son dessein était d’ouvrir un chemin au travers de ces montagnes, où les marchands ne pouvaient passer sans beaucoup de danger et de dépense, à cause des grands droits qu’on exigeait d’eux. Il lui laissa la liberté d’y prendre son quartier d’hiver, s’il le jugeait à propos. Après quelques heureux combats, et s’être emparé de plusieurs de leurs châteaux, tout le pays lui ayant envoyé des députés et des otages, et la paix étant faite, Galba laissa deux cohortes dans le haut Valais : pour lui, avec le reste de sa légion, il alla passer l’hiver dans un bourg