Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/400

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où ils se lèvent, que l’orage s’excite, se calme ou se renouvelle. Des vents favorables nous conduisent au port ; de contraires nous en tiennent éloignés, ou nous en détournent, et nous font même courir quelquefois de grands risques ; mais qui sait prévoir les vents fait rarement naufrage.


CHAPITRE IX.
Des saisons propres à la navigation.

Voyons à présent quels jours et quels mois sont propres à naviguer ; car la mer ne le permet pas toujours elle est calme dans certains mois dans d’autres, tantôt calme, tantôt orageuse ; impraticable dans le reste de l’année.

Après le lever des Pléiades depuis le 6 des calendes du juin jusqu’au lever de la grande Ourse c’est-à-dire jusqu’au 18 des calendes d’octobre, on peut naviguer en sûreté, parce que les vapeurs chaudes de l’été adoucissent la rigueur des vents. Il y a du danger depuis ce temps jusqu’au 3 des ides de novembre, par plusieurs raisons. Premièrement, après les ides de septembre, la queue de la grande Ourse se lève : astre qui annonce des orages. Outre cela, on essuie ordinairement des vents orageux au 8 des calendes d’octobre ; ensuite, il survient des pluies vers les nones d’octobre, au retour du Bélier, et d’autres amenées par le Taureau vers le 5 des ides. Enfin, dès le mois de novembre, le coucher des Pléiades cause de gros temps qui troublent la navigation. Ainsi, depuis le 3 des ides de novembre jusqu’au 6 des ides de mars, les mers sont fermées ; parce que, pendant ces quatre mois, les jours étant très-courts, les nuages épais, l’air obscur, et la violence des vents redoublée par celle de la neige et de la pluie, ces circonstances interdisent la mer et même la terreaux voyageurs. Ce n’est donc qu’au 6 de mars que la mer se rouvre ; jour que célèbrent plusieurs nations par des fêtes et des lieux publics. Depuis ce jour cependant jusqu’aux ides de mai, ce n’est qu’après avoir bien observé les astres, et réfléchi sur le temps qu’ils présagent, que les vaisseaux de guerre s’exposent à la mer. Il est vrai que les vaisseaux marchands ne l’abandonnent presque dans aucune saison ; aussi la conservation de quelques particuliers, enhardis par l’appât du bain n’exige pas tant de précautions que le salut de toute une armée.


CHAPITRE X.
Des présages de la tempête.

Le lever et le coucher de certains astres excitent ordinairement de grandes tempêtes. D’habitus astronomes ont cru pouvoir les fixer à certains jours ; elles n’y sont cependant pas si invariablement assujetties, que divers accidens ne les en dérangent quelquefois. D’ailleurs, il faut convenir que l’esprit humain, resserré dans des bornes étroites, ne connaît qu’imparfaitement les causes naturelles de ce qui se passe au ciel ; c’est pourquoi les marins ne bornent pas leur attention à ces sortes de prédictions. L’expérience prouve en effet que les orages ne se forment pas toujours le même jour pour lequel ils étaient annoncés ; mais quelquefois avant, quelquefois après : d’où les Grecs leur ont donné trois différons noms, suivant qu’ils précèdent, accompagnent ou suivent ce jour.

Je n’entrerai pas dans un plus long