Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/401

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détail sur ces révolutions, plusieurs écrivains ayant poussé l’exactitude jusqu’à marquer non seulement dans quels mois de l’année, mais même dans quels jours du mois elles doivent arriver. Les planètes qui paraissent et disparaissent suivant le temps que l’auteur de la nature a prescrit à leur cours s’annoncent aussi par certains signes, et troublent souvent la sénérité du ciel. Mais, indépendamment de cette théorie savante, la pratique de la mer nous apprend que les jours inter lunaires sont très-sujets aux orages, et conséquemment très dangereux pour les navigateurs.


CHAPITRE XI.
Des pronostics d’un temps serein ou orageux.

La lune nous fait voir, comme dans un miroir, les signes du calme et de l’orage qui se succèdent alternativement. Rouge, elle annonce du vent ; azurée, elle présage de la pluie ; mêlée de ces deux couleurs, elle fait craindre ce mélange de pluies violentes et de vents impétueux qui forment Tes tempêtes ; nette et brillante, elle promet la même sérénité dont elle présente l’image, surtout si les pointes de son croissant ne paraissent point enflammées à son quatrième jour, ni sa blancheur obscurcie par ces vapeurs humides qui s’y insinuent quelquefois.

On tire aussi des indications du lever, et du coucher du soleil. On ne croit point indifférent qu’alors cet astre darde également ses rayons, ou qu’une partie en soit détournée par des nuages, qu’il soit brillant ou mêlé tantôt de ce rouge ardent et foncé qui annonce des vents prochains, tantôt de cette pâleur et de ces taches que les pluies suivent de près. La nature de l’air, l’étendue et la forme des nuages qu’on observe au-dessus de la mer, et la mer même, instruisent un marin attentif. Il tire aussi ses conjectures des oiseaux et des poissons. Virgile a traité cet art dans ses Géorgiques, avec un génie presque divin, et Varron l’a très-approfondi dans ses Traités sur la marine.

Au reste, il n’y a point de pilote qui ne se pique de savoir ces choses ; mais il s’exposera toujours à des expériences dangereuses, jusqu’à ce qu’il ait éclairé sa pratique par les lumières de la théorie.


CHAPITRE XII.
Du flux et du reflux de la mer.

La mer, qui est la troisième partie du globe terrestre, se trouve agitée, indépendamment des vents, de mouvemens qui lui sont particuliers. A certaines heures réglées du jour et de la nuit, cette agitation étend alternativement les flots et les resserre ; semblable à celles de ces fleuves impétueux, qui tantôt inondent les rivages, tantôt se replient sur eux-mêmes. Cette alternative régulière de flux et de reflux, appelée par les Grecs rheuma, avance ou retarde considérablement la course d’un vaisseau ; aussi exige-t-elle de grandes précautions quand il est question de combattre, puisque fa force des rameurs ne peut rien contre celle du flux, à laquelle celle du vent même est quelquefois contrainte de céder.

Comme la lune agit sur les flots à proportion qu’elle croît ou décroît, et que son aspect est différent à la même heure dans toutes les mers, l’heure du flux et du reflux y est conséquemment différente ; c’est pourquoi, si l’on veut mettre à profit ces différences dans un