Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/402

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combat, il faut s’appliquer à les bien connaître avant de combattre.


CHAPITRE XIII.
Des rameurs et de la connaissance des lieux.

L’habileté du navigateur consiste à bien connaître les rades et les ports, afin de pouvoir éviter les écueils, les bancs de sable, et les rochers qui s’avancent ou qui se cachent sous les eaux. Au reste, plus la mer est haute, moins on y court de risque. Il faut choisir, pour la manœuvre d’un vaisseau, des officiers vigilans, des pilotes habiles, des rameurs vigoureux ; car, comme un combat naval se donne ordinairement pendant le calme et que ce que nous appelons liburnes sont des vaisseaux pesans qui manœuvrent moins au vent qu’à la rame, c’est de la rame surtout dont il faut se ménager l’avantage, soit qu’on veuille percer de l’éperon les bords des vaisseaux ennemis, soit qu’on tache à en éviter le choc. Or, pour de pareilles manœuvres, c’est d’un bras nerveux qui manie vigoureusement la rame, c’est d’une main savante qui conduit légèrement le gouvernail, qu’on doit attendre le succès.


CHAPITRE XIV.
Des armes et des machines usitées sur mer.

J’ai traité des diverses sortes d’armes usitées dans les combats de terre ; ceux de mer exigent non-seulement les mêmes armes, mais encore les mêmes machines. Nos vaisseaux ne sont-ils pas en effet des espèces de murs et de tours, où le combat est d’autant plus terrible, qu’il nous expose en même temps à la fureur de deux élémens contraires, le feu et l’eau ? Ayons donc sur mer une extrême attention à couvrir nos soldats d’armes défensives comme de cuirasses, de casques, de bottines à l’épreuve. Nous n’avons point à craindre qu’ils se peignent de la pesanteur des armes, sur un champ de bataille où l’on ne combat que de pied ferme. Il faut aussi les armer de boucliers larges et pesais, qui puissent les parer des faux, des harpons, des flèches, des javelots de toutes sortes de frondes. Servez-vous à votre tour de toutes ces armes, de la baliste, de la catapulte, et des autres machines propres à lancer des pierres. Mais, comme l’arme la plus redoutable de l’homme brave est sa bravoure même, si vous comptez sur celle de votre équipage, serrez l’ennemi, jetez vos ponts, sautez à l’abordage : cette manœuvre vous procurera l’avantage de combattre corps à corps. Vous pouvez élever sur les plus grands vaisseaux des tours et d’autres défenses d’où comme d’un mur, vous porterez des coups d’autant plus meurtriers qu’ils plongeront, que vos machines lanceront des flèches chargées d’huile d’étoupes de soufre de bitume. Ces flèches ardentes, pénétrant une charpente enduite de matières combustibles, telles que la cire, la poix et la résine, porteront l’embrasement jusque dans le casque du vaisseau. En réunissant ces diverses attaques contre vos ennemis, vous ferez périr les uns sous le fer et sous les pierres, vous brûlerez les autres au milieu des flots ;. vous les consternerez tous par l’idée effrayante de devenir la proie des poissons, genre de mort le plus terrible, puisqu’il nous prive de la sépulture.