Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 4, 1846.djvu/1050

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mes et les chevaux ne puissent franchir. Cela nous assurera contre les sorties de nos ennemis, et mettra nos quartiers hors d’insulte, »

Ce passage seul nous fait voir qu’Homère savait les fortifications. Il faut observer que le mur dont il parie n’est pas une muraille faite de pierres ou de briques, mais seulement de la terre qu’on tire du fossé que l’on creuse, et de laquelle on forme un parapet derrière, c’est-à-dire une élévation qui tient lieu de muraille.

Or il n’y a rien de plus parfait en fortification que cette manière de retrancher un camp, par rapport aux armes et aux machines dont on se servait dans ce temps-là. C’était un demi-cercle dont la mer faisait le diamètre, ou un carré dont elle formait un des côtés, à l’endroit où leurs vaisseaux ou plutôt leurs bâtimens étaient à l’ancre ou tirés à terre, et c’est tout ce qu’on pouvait faire de mieux. On voit, dans Thucydide, que les Grecs avaient oublié cette sorte de retranchement.

Livre IX. « Fils d’Atrée, Jupiter vous a mis entre les mains le sceptre et les lois, afin que vous gouverniez selon leurs règles. Voilà pourquoi il faut que vous sachiez parler avec sagesse et dignité, entendre tout le monde, et déférer à celui qui vous aura proposé ce qui est de meilleur. Le bon avis, dès que vous l’aurez suivi, deviendra le vôtre, et vous fera autant et plus d’honneur qu’à celui qui vous l’aura donné. »

Rien n’est plus vrai ni plus sage que ce qui est contenu dans l’extrait ci-dessus.

Livre VIII. « Dès que les deux armées sont en présence, et que le signal est donné, elles s’ébranlent et se choquent avec furie ; les lances se mêlent ; les boucliers heurtent les boucliers ; les casques heurtent les casques ; le courage et la force décident de la vie et de la mort. »

Livre XIII. « On voit les phalanges se rallier autour des deux Ajax. Les plus vaillans se mettent à la tête, et attendent fièrement Hector et, tous les Troyens. Les rangs sont si serrés que les piques soutiennent les piques, les casques joignent les casques, les boucliers appuient les boucliers. Ces bataillons, hérissés de fer, s’ébranlent avec ardeur ; mais les Troyens les préviennent et fondent sur eux. Hector marche à leur tête ; et forçant ce qui s’oppose à son passage, s’ouvre chemin pour arriver aux tentes et aux vaisseaux des Grecs ; mais lorsqu’il fut arrive aux phalanges d’Argos, et qu’il, voulut les rompre, il fut oblige d’arrêter, quoiqu’il les chargeât avec beaucoup de furie ; car ces vaillans Grecs le reçurent sans s’ébranler, et le repoussèrent à coups, de pique et d’épée. »

Tome III, livre XVI. « Au milieu d’eux était Achille, qui donnait ses ordres, et qui les pressait de marcher. Ce héros était venu à Troie avec cinquante vaisseaux. Sur chacun il y avait cinquante hommes. Il les avait partagés en cinq corps, que cinq capitaines, d’un courage éprouvé et d’une fidélité connue, commandaient sous lui. Après qu’Achille les eut rangés chacun sous leur chef, pour les exciter, il leur parla… À la voix de leur roi, leurs rangs se serrent comme un homme qui élève un grand édifice a soin de bien joindre et bien lier les pierres, afin qu’il résiste à tous les efforts des vents. Ces fiers bataillons se serrent de même ; le soldat appuie le soldat, le bouclier le bouclier, les casques touchent les casques. »

Nous voyons qu’Achille avait amené