Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 4, 1846.djvu/1051

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deux mille cinq cents hommes ; qu’ils les avait séparés en corps de cinq cents chacun commandé par un capitaine ; ainsi voila la cohorte romaine et le bataillon tel que nous le formons. Nous voyons que ces différens corps en bataille sont séparés par rangs, et forment un carré long. Voilà une division de troupes formée dans la bonne règle l’ordre qu’elles observent ; dans le moment qu’eues vont charger et soutenir te choc, est tout ce qu’on peut demander de plus. parfait. Ces rangs, qui sont serrés et qui s’appuient et se soutiennent l’un l’autre, font que tous ces hommes ne forment qu’un corps, et due toutes leurs forces ne sont plus qu’une pour attaquer et pour soutenir. La comparaison que fait Homère de l’attention avec laquelle celui qui élève un grand édifice a soin de bien joindre et bien lier les pierres, afin de résister a tous les efforts des vents, est juste, et l’ordre de bataille le plus parfait est celui où les forces sont bien. unies et ne laissent aucun vide ; c’est cet ordre-là même que nous devons suivre aujourd’hui, surtout encore par rapport aux armes que nous employons.

Les Grecs, suivant l’Iliade, se servaient de piques ou de lances, qui étaient à peu près la même chose. Nous nous servons aujourd’hui de t’épée et du fusil avec la baïonnette au bout. La différence qu’il y a, c’est que la lance et la pique étaient plus longues que n’est le fusil avec la baïonnette ; mais cela ne change rien la place que le soldat tient dans les rangs, ni à la manière de charger, puisque l’un et l’autre, ne font que pointer. De plus le fusil avec la baïonnette au bout est en même temps arme de main et arme de jet.

Tome III, livre XVI. Partant des Troyens, qui sont repoussés : « Les Troyens abandonnent le navire de Protésilas à demi brûle, et prennent la fuite avec une confusion horrible. Les Grecs se répandent de tous côtés autour des vaisseaux, et sèment partout le désordre. Les Grecs, après avoir écarté loin des vaisseaux la flamme ennemie, commencent à respirer. Le combat dure pourtant encore, car les Troyens n’ont pas encore entièrement plié. Ils ont été repoussés un peu loin des vaisseaux, mais ils font toujours résistance. On combat de tous côtés par troupes séparées, l’ordre de bataille étant rompu. »

Ce combat, tel que nous le dépeint ; Homère, est semblable à la plupart de nos combats d’infanterie, qui se donnent dans les jardinages, villages, haies et pays coupés. Quand on s’approche de part et d’autre, on se charge avec furie, et chaque corps s’efforce de chasser son ennemi à coups de feu et de baïonnette ; mais ces lieux, où l’on ne peut garder aucun ordre, font que sans prendre un grand avantage de l’un ni de l’autre côté, on se détruit également. Chacun attend ta nuit avec impatience pour unir le combat, et vers la fin du jour, on ne se cherche plus. Il y a toujours néanmoins quelques endroits où l’on tire, mais la nuit venue, un des deux partis s’éteigne, et quelquefois tous les deux, chacun de son côté. Je pourrais citer plusieurs exemples dé combats de cette espèce ; mais pour pouvoir, ainsi que le fait Homère, dépeindre de pareils combats, il faut s’y être trouvé ; car l’imagination seule ne peut pas se les représenter avec autant de vérité.

Livre XIX. Le sage Ulysse, prenant la parole, lui dit… « Divin fils de Pelée, quelque impatience que vous ayez d’aller au combat, ne menez