Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 4, 1846.djvu/1064

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sés aux armes qu’ils ne l’étaient eux-mêmes, et que ce fut par leur guerre contre Pyrrhus, qui la savait faire avec art, qu’ils commencèrent à prendre des connaissances plus relevées pour les grandes opérations de guerre. La première qu’ils firent ensuite contre les Carthaginois les rendit habiles, et ceux-ci en même temps acquirent beaucoup de science dans cet art.


Des armes. dont se servaient les Grecs et les Romains, et de leurs ordres. de bataille comparés l’un à l’autre.

Quoique du temps des Grecs et des Romains, il n’y eût pas d’armes à feu, cependant il n’ÿ a pas d’ordres de bataille plus opposés entre eux que celui des Grecs comparé à celui des Romains. Le premier, comme dit Polybe, tenait toute sa force de l’ordre serré des rangs et des files ; l’autre devait toute la sienne aux armes dont se servaient les Romains. Leurs rangs et leurs files devaient être séparés à trois pieds l’un de l’autre, pour pouvoir en faire usage. Polybe conclut, ainsi que nous l’avons déjà vu, que si les Grecs et les Romains se choquaient de front, tout l’avantage était du côté des Grecs par la force de leur ordre ; mais que comme il fallait, pour qu’il eût toute sa force avec leurs longues piques, qu’ils combattissent toujours dans des plaines, parce qu’elles ne pouvaient leur être d’usage dans des pays coupés de haies, bois, fossés, villages, etc., au lieu que les Romains, avec les armes qu’ils portaient, pouvaient combattre en tous lieux, il s’ensuivait que ceux-ci trouvaient plus d’occasions de combattre avec avantage.

Quand je parle des armes dont les Romains se servaient, quoiqu’elles ne fussent-pas, à beaucoup près, aussi embarrassantes que celles des Grecs, je ne prétends pas dire qu’elles n’eussent aussi leur incommodité dans les villages, dans les pays fourrés, dans les haies, etc. ; car alors le grand bouclier qu’ils portaient, et plusieurs armes différentes usitées parmi eux, leur devenaient inutiles, et leur ordre même ne se pouvait. pas garder. En effet ils évitaient, autant qu’il leur était possible, de combattre dans des pays coupés, et ne le faisaient que quand ils s’y voyaient contraints ; aussi est-il à remarquer que presque toutes leurs batailles se sont données dans les plaines.

Il s’ensuit de ce raisonnement que quand les armes dont on se servira pourront s’accorder avec L’ordre serré des rangs et des files dans le moment qu’on viendra à charger, comme, suivant toutes les règles de la géométrie, l’ordre serré est celui où réside la plus grande force, supposé que ces armes d’ailleurs conviennent à toute sorte de Situations, il n’y aura pas à balancer de préférer l’ordre serré des rangs et des files.


Les raisons les plus concluantes qu’on puisse apporter à l’appui de cette vérité, qu’il faut d’abord se livrer à l’étude de la théorie avant de passer à la pratique, sont fournies par le maréchal de Puységur.

Le maréchal de Puységur s’exprime ainsi :

J’ai peut-être été à autant de sièges qu’aucun de ceux qui sont dans le service et dans. toute sorte de grades. Comme subalterne, j’ai été détaché avec des gens armés et des travailleurs ; ensuite comme major, pour conduire aux tranchées les travailleurs ou les gens armés aux postes. qui leur étaient destinés ; j’y ai été comme major de brigade, brigadier, maréchal de camp et lieutenant général ; cependant,