Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 4, 1846.djvu/1102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mémoire à la postérité. Le grand Frédéric l’appelait le professeur des généraux.

Comme écrivain militaire, le maréchal de Saxe a été jugé très-diversement ses Rêveries ont été l’objet de nombreuses controverses. En admettant, avec un de ses critiques, que ce recueil n’offre que de simples notes, rédigées avec précipitation, et sur lesquelles le maréchal ne s’était pas donné la peine de revenir nous pouvons affirmer que nos lecteurs y trouveront encore des leçons utiles. Ce fut le maréchal de Saxe qui découvrit que le secret des manœuvres, des combats et des victoires, est dans les jambes des soldats le premier aussi il parvint à introduire dans la marche de l’ensemble et de l’uniformité, au moyen de la cadence et de la mesure imprimées par les instrumens militaires. Il ne considérait la cavalerie comme bonne que lorsqu’un régiment ou une division pouvait parcourir deux mille pas au galop sans déranger son alignement. Le régiment de uhlans, qui portait son nom et qu’il avait eu soin de former, donna le premier exemple d’un ensemble si remarquable, qui contribua puissamment aux succès qu’il obtint dans la campagne de 1741, et qui lui mérita l’honneur de servir de modèle à la cavalerie française.

Le maréchal de Saxe, grave dans ses actions, dans ses écrits, méprisait les courtisans ; la futilité de leur existence, leurs intrigues, lui étaient insupportables. Il vivait entouré de savans, d’hommes de lettres et d’artistes. il appelait la vie humaine un songe. Dans sa première jeunesse, il s’était tellement passionné pour Onozander, qu’il le portait constamment dans sa poche. Aussi appliquât-il à l’art de la guerre le caractère particulier de cet écrivain, qui est l’observation philosophique du cœur, et c’est ainsi que s’explique la sympathie qui se déclara entre l’auteur platonicien et son jeune admirateur, qui plus tard devait fonder sur les sensations une partie des principes dont il a fait des maximes de guerre et des préceptes de