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DE LA STRATÉGIE.


Définition et principe fondamental.

L’art de la guerre se compose de cinq branches principales la stratégie, la grande tactique, la logistique, la tactique de détail et l’art de l’ingénieur. Nous ne traiterons que les trois premières ; il est donc urgent de commencer par les définir.

Pour le faire plus sûrement, nous suivrons l’ordre dans lequel les combinaisons qu’une armée peut avoir à faire se présentent à ses chefs au moment où la guerre se déclare ; commençant naturellement par les plus importantes, qui constituent en quelque sorte le plan d’opérations, et procédant ainsi à l’inverse de la tactique, qui doit commencer par de petits détails pour arriver à la formation et à l’emploi d’une grande armée[1].

Nous supposons donc l’armée entrant en campagne : le premier soin de son chef sera de convenir, avec le gouvernement, de la nature de guerre qu’il fera ; ensuite il devra bien étudier le théâtre de ses entreprises puis il choisira, de concert avec le chef de l’État, la base d’opérations la plus convenable, selon que ses frontières et celles de ses alliés s’y prêteront.

Le choix de cette base, et plus encore, le but qu’on se proposera d’atteindre, contribueront déterminer la zone d’opérations qu’on adoptera. Le généralissime prendra un premier point objectif pour ses entreprises ; il choisira la ligne d’opérations qui mènerait à ce point, soit comme ligne temporaire, soit comme ligne définitive, et s’attachant à lui donner la direction la plus avantageuse, c’est-à-dire celle qui promettrait le plus de grandes chances sans exposer à de grands dangers.

L’armée, marchant sur cette ligne d’opérations aura un front d’opérations et un front stratégique derrière ce front elle fera bien d’avoir une ligne de défense pour servir. d’appui au besoin. Les positions passagères que ses corps d’armée prendront sur le front d’opérations ou sur la ligne de défense, seront des positions stratégiques.

Lorsque l’armée arrivera près de son premier objectif et que l’ennemi commencera à s’opposer à ses entreprises, elle l’attaquera ou manœuvrera pour le contraindre à la retraite elle adoptera à cet effet une ou deux lignes stratégiques de manœuvres, lesquelles étant temporaires pourront dévier, jusqu’à certain point, de la ligne gé-

  1. Pour apprendre la tactique, il faut étudier d’abord l’école de peloton, puis celle de bataillon, enfin les évolutions de ligne ; alors on passe aux petites opérations du service de campagne, puis à la castramétation, ensuite les marches, enfin la formation des armées. Mais en stratégie, le commencement part du sommet, c’est-a-dire du plan de la campagne.