Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 5, 1844.djvu/836

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nérale d’opérations, avec laquelle il ne faut point les confondre.

Pour lier le front stratégique à la base, on formera, à mesure qu’on avancera, la ligne d’étapes et les lignes d’approvisionnemens, dépôts, etc.

Si la ligne d’opérations est un peu étendue en profondeur et qu’il y ait des corps ennemis à portée de l’inquiéter, on aura à choisir entre l’attaque et l’expulsion de ces corps, ou bien à poursuivre l’entreprise contre l’armée ennemie, soit en ne s’inquiétant pas des corps secondaires, soit en se bornant à les observer : si l’on s’arrête à ce dernier parti, il en résultera un double front stratégique et de grands détachemens.

L’armée étant près d’atteindre-son point objectif et l’ennemi voulant s’y opposer, il y aura bataille : lorsque ce choc sera indécis, on s’arrêtera pour recommencer la lutte si l’on remporte la victoire, on poursuivra ses entreprises pour atteindre ou dépasser le premier objectif et en adopter un second.

Lorsque le but de ce premier objectif sera ta prise d’une place d’armes importante, le siégé commencera. Si l’armée n’est pas assez nombreuse pour continuer sa marche en laissant un corps de siège derrière soi, elle prendra près de là une position stratégique pour le couvrir ; c’est ainsi qu’en 1796 l’armée d’Italie, ne comptant pas cinquante mille combattans, ne put dépasser Mantoue pour pénétrer au cœur de l’Autriche, en laissant vingt-cinq mille ennemis dans cette place, et ayant en outre quarante mille Autrichiens en face sur. la double ligné du Tyrol et du Frioul.

Dans le cas, au contraire, où l’armée aurait les forces suffisantes pour tirer un plus grand fruit de sa victoire, ou bien qu’il n’y aurait pas de siège à faire, elle marcherait un second objectif plus important encore. Si ce point se trouve à une certaine distance, il sera urgent de se procurer un point d’appui intermédiaire ; on formera donc une base éventuelle au moyen d’une ou deux villes à l’abri d’insulte qu’on aurait sans doute occupées : en cas contraire, on formera une petite réserve stratégique qui couvrira les derrières et protégera les grands dépôts par des ouvrages passagers. Lorsque l’armée franchira des fleuves considérables on y construira à la hâte des têtes de pont ; et si les ponts se trouvent dans des villes fermées de murailles, on élèvera quelques retranchemens pour augmenter la défense de ces postes et pour doubler ainsi la solidité de la basé éventuelle ou de la réserve stratégique qu’on y placerait.

Si au contraire la bataille a été perdue, il y aura retraite, afin de se rapprocher de la base et d’y puiser de nouvelles forces, tant par les détachemens que l’on attirerait à soi, que par les places et camps retranchés qui arrêt étaient l’ennemi ou l’obligeraient à diviser ses moyens.

Lorsque l’hiver approche, il y aura cantonne mens d’hiver, où bien les opérations seront continuées par celle des deux armées qui, ayant obtenu une supériorité décidée et ne trouvant pas d’obstacles majeurs dans la ligne de défense ennemie, voudrait profiter de son ascendant : il y aurait alors campagne d’hiver ; cette résolution, qui dans tous les cas devient également pénible pour les deux armées, ne présente pas de combinaisons particulières, si ce n’est d’exiger un redoublement d’activité dans les entreprises afin d’obtenir le dénouement le plus prompt.