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d’assurer l’application des deux autres. On a critiqué ma définition sans en donner de meilleure ; il est vrai que beaucoup de batailles ont été décidées aussi par des mouvemens stratégiques, et n’ont été même qu’une série de pareils mouvemens ; mais cela n’a jamais eu lieu que contre des armées dispersées, cas qui fait exception ; or la définition générale ne s’appliquant qu’à des batailles rangées, n’en est pas moins exacte[1].

Ainsi, indépendamment des mesures d’exécution locale qui sont de son ressort, la grande tactique, selon moi, comprendra les objets suivans :

1° Le choix des positions et des lignes de bataille défensives ;

2° La défense offensive dans le combat ;

3° Les différens ordres de bataille, ou grandes manœuvres propres à attaquer une ligne ennemie ;

4° La rencontre de deux armées en marche et batailles imprévues ;

5° Les surprises d’armées[2] ;

6° Les dispositions pour conduire les troupes au combat

7° L’attaque des positions et camps retranchés ;

8° Les coups de main.

Toutes les autres opérations de la guerre rentreront dans le détail de la petite guerre, comme les convois, les fourrages, les combats partiels d’avant-garde ou d’arrière-garde, l’attaque même des petits postes, en un mot tout ce qui doit être exécuté par une division ou détachement isolé.


Du principe fondamental de le guerre.

Le but essentiel de cet ouvrage est de démontrer qu’il existe un principe fondamental de toutes les opérations de la guerre, principe qui doit présider à toutes les combinaisons pour qu’elles soient bonnes[3]. Il consiste :

1° A porter, par des combinaisons stratégiques, le gros des forces d’une armée successivement sur les points décisifs d’un théâtre de guerre, et autant que possible sur les communications de l’ennemi sans compromettre les siennes ;

2° A manœuvrer de manière à engager ce gros des forces contre des fractions seulement de l’armée ennemie ;

3° Au jour de bataille, à diriger également, par des manœuvres tactiques, le gros de ses forces sur le point décisif du champ de bataille, ou sur la partie de la ligne ennemie qu’il importerait d’accabler ;

4° A faire en sorte que ces masses ne soient pas seulement présentes sur le point décisif, mais qu’elles y soient mises en action avec énergie et ensemble, de manière à produire un effort simultané.

On a trouvé ce principe général si

  1. On pourrait dire que la tactique est le combat, et que la stratégie c’est toute la guerre avant le combat et après le combat, les sièges seuls exceptés, encore appartiennent-ils à la stratégie pour décider ceux qu’il faut faire et comment il faut les couvrir. La stratégie décide l’on doit agir : la logistique y amène et place les troupes ; la tactique décide leur emploi et le mode d’exécution.
  2. Il s’agit des surprises d’armées en pleine campagne, et non de surprises de quartiers d’hiver.
  3. Si maintes entreprises ont réussi quoique exécutées contre les principes, ce n’a été que dans le cas où l’ennemi s’en écartait lui-même encore davantage, et jamais lorsqu’il opérait bien. Ce n’est que contre des bandes indisciplinées que l’on peut s’en écarter sans danger.