Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/113

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vous-même. » Vinoy rétorquait : « Cela ne me regarde pas. » On lui adjoignit le général Valentin, homme à poigne. Le Comité Central, tranquillement, se présenta le 15 à la troisième assemblée générale du Vauxhall. Deux cent quinze bataillons étaient représentés. Garibaldi fut acclamé général en chef de la garde nationale. Un orateur transporta l’assemblée, Lullier, ancien officier de marine, avec une apparence d’instruction militaire et, quand il n’était pas brûlé par l’alcool, des moments de lucidité à faire illusion. Il se fit nommer commandant de l’artillerie. On proclama ensuite le nom des élus au Comité Central — une trentaine environ ; plusieurs arrondissements n’avaient pas encore voté. C’est le Comité Central régulier, celui qui entrera dans l’Hôtel-de-Ville. Beaucoup des élus appartenaient à la précédente commission. Les autres tout aussi obscurs, de toutes les couches du peuple, connus seulement des conseils de famille ou de leurs bataillons. Les hommes en vedette n’avaient pas brigué les suffrages. La Corderie, les blanquistes aussi, ne voulaient pas admettre que cette Fédération, ce Comité, ces inconnus fussent une force.

Ils ne marcheront pas il est vrai pour un programme quelconque. Le Comité Central n’est pas la tête de colonne d’un parti ; il n’a pas d’idéal à produire. Une idée très simple, se défendre de la monarchie, a seule pu grouper tant de bataillons. La garde nationale se constitue en compagnie d’assurance contre un coup d’état ; le Comité Central est la sentinelle, voilà tout. L’air est lourd ; nul ne sait où l’on va. Le petit groupe de l’Internationale convoque naïvement les députés socialistes pour se faire expliquer la situation. Personne ne pense à l’attaque. Le Comité Central a d’ailleurs déclaré que le premier coup de feu ne sera jamais tiré par le peuple, qu’on se défendra seulement en cas d’agression.

L’agresseur arriva le 15, M. Thiers. Il avait espéré reprendre insensiblement la ville avec des soldats bien triés, tenus à l’écart des Parisiens ; mais le temps manquait, la date fatidique du 20 était là. À peine arrivé, il fut assailli, pressé d’agir. Les boursiers s’en mêlaient. Les mêmes qui avaient précipité la guerre