Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/123

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offusqués de cette attaque étourdie, attendant des renseignements et des idées. Vers quatre heures ils déléguèrent au Gouvernement. M. Thiers avait disparu ; Picard les éconduisit ; d’Aurelles se lava les mains de toute l’affaire, dit que les avocats l’avaient voulue. À la nuit il fallut trouver quelque chose. Les bataillons fédérés entouraient l’Hôtel-de-Ville, occupaient la place Vendôme où Varlin, Arnold et Bergeret avaient conduit les bataillons des Batignolles et de Montmartre. Vacherot, Vautrain et quelques réactionnaires furibonds parlaient de résister à outrance comme s’ils disposaient d’une armée. D’autres plus sensés cherchaient l’issue. Ils crurent tout terminer en faisant nommer préfet de police Edmond Adam qui s’était signalé contre les insurgés de Juin, et, pour général de la garde nationale, le colonel Langlois, jadis internationaliste, le 31 octobre au matin avec le mouvement, le soir contre, député pour une contusion reçue à Buzenval, bourgeois endurci sous des allures d’exalté. Vers sept heures Tirard, Méline, Tolain, Hérisson, Vacherot, Peyrat, Millière vinrent apporter ces solutions à Jules Favre. Il les fit attendre, eut un haut-le-corps en voyant Millière, les coupa dès la première phrase : « Est-il vrai qu’on ait fusillé les généraux ? » Aussitôt oui, il s’écria : « On ne traite pas avec des assassins ! » Vacherot, Vautrin furent ravis de sa fermeté, le lui dirent. Une estafette arrive : l’Hôtel-de-Ville est évacué. Jules Favre congédia les maires qui allèrent à la mairie du Louvre où le secrétaire général de la Mairie centrale leur demanda de venir occuper l’Hôtel-de-Ville. Survint la patrouille de fédérés. Les maires n’eurent plus qu’à se replier sur la mairie de la Bourse qui devint leur quartier général.

Ce qui restait du Gouvernement, Dufaure, Jules Simon, Pothuau, Picard, Leflô, s’était réuni secrètement rue Abbatucci où Jules Favre leur apprit la démarche des maires. Ils déposèrent d’Aurelles, mandèrent Langlois dont la gesticulation les rassurait et le nommèrent général en chef de la garde nationale. Langlois accepta, vint à minuit apporter cette bonne nouvelle à la mairie de la Bourse, promit que le Gouvernement mettrait Dorian à la Mairie centrale, saisirait l’Assemblée