Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/133

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parler de révolution sociale, je déclare que notre mandat ne va pas jusque là. (Du Comité : Si ! Si ! Non ! Non !) On a parlé de fédération, de Paris ville libre. Notre mission est plus simple, elle se borne à procéder aux élections. Le peuple ensuite décidera de sa marche. Quant à céder la place aux députés et aux maires, c’est impossible. Ils sont impopulaires et n’ont aucune autorité dans l’Assemblée. Les élections auront lieu avec ou sans leur concours. Veulent-ils nous aider ? nous leur tendons les bras. Sinon, nous passons outre, et, s’ils tentent de nous enrayer, nous saurons les réduire à l’impuissance. »

Les délégués regimbent. La discussion devient batailleuse. « Mais enfin, dit Clemenceau, quelles sont exactement vos prétentions ? Bornez-vous notre mandat à demander à l’Assemblée un conseil municipal ? »

Beaucoup du Comité : Non ! Non ! — « Nous voulons, dit Varlin, non seulement le Conseil municipal élu, mais des libertés municipales sérieuses, la suppression de la préfecture de police, le droit pour la garde nationale de nommer ses chefs et de se réorganiser, la proclamation de la République comme gouvernement légal, la remise pure et simple des loyers en souffrance, une loi équitable, sur les échéances, le territoire parisien interdit à l’armée. »

Malon tente un dernier effort : « Je partage, vous n’en doutez pas, toutes vos aspirations, mais la situation est très périlleuse. Il est clair que l’Assemblée ne voudra rien entendre tant que le Comité Central sera maître de Paris. Tandis que si Paris se remet à ses représentants légaux, ils pourront obtenir et le conseil municipal élu et les élections de la garde nationale, et même le retrait de la loi sur les échéances. Par exemple, pour l’armée, il n’y a pas à espérer que nous obtenions satisfaction. »

« C’est cela ! pour nous ménager un 31 Octobre ! » La dispute traîna jusqu’à dix heures et demie, le Comité défendant son droit de faire les élections, les délégués leur prétention de le remplacer. Enfin, le Comité accepta d’envoyer quatre de ses membres à la mairie du IIe : Varlin, Moreau, Jourde et Arnold.

Ils trouvèrent réuni tout l’état-major du libéralisme