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procès. Jecker, qui se disait dupé par l’Empire, demandait à faire des révélations. En audience publique, devant douze jurés pris au hasard, devant le monde, on pouvait reconstituer par lui l’expédition du Mexique, dévoiler les intrigues du clergé, retourner les poches des voleurs, montrer comment l’impératrice, Miramon Almonte, Morny, avaient monté le coup, pour quelle cause et pour quels hommes la France avait perdu trente mille hommes et plus d’un milliard. L’expiation pouvait s’accomplir, au grand soleil, sur la place de la Concorde, devant les Tuileries complices. Les poètes, rarement fusillés, eussent gémi peut-être ; l’innombrable victime eût battu des mains, dit : « La Révolution seule fait justice. » On négligea d’interroger Jecker.

La délégation de l’Enseignement était tenue d’écrire une des plus belles images de la Commune. Après tant d’années d’études et d’expérimentations, cette question devait sortir tout armée d’un cerveau vraiment révolutionnaire. La délégation n’a rien laissé pour témoigner devant l’avenir. Le délégué était pourtant un homme des plus instruits. Il se contenta de supprimer les crucifix des salles d’école et de faire appel à tous ceux qui avaient étudié les questions d’enseignement. Une commission fut chargée d’organiser l’enseignement primaire et professionnel ; tout son travail fut d’annoncer, le 6 mai, l’ouverture d’une école. Une autre commission pour l’enseignement des femmes fut nommée le jour de l’entrée des Versaillais.

Le rôle administratif de cette délégation se réduisit à des arrêtés peu exécutables et à quelques nominations. Deux hommes dévoués et de talent, Elie Reclus et Benjamin Gastineau, furent chargés de réorganiser la Bibliothèque nationale. Ils interdirent le prêt des livres, mettant un terme au scandale de privilégiés qui se taillaient une bibliothèque dans les collections publiques. La fédération des artistes, qui avait pour président Courbet, nommé le 16 avril membre de la Commune, et parmi ses membres le sculpteur Dalou s’occupa de rouvrir et de surveiller les musées.

On ne saurait rien de cette révolution en matière d’enseignement sans les circulaires des municipalités.