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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

de procès-verbal !… Je voudrais que Mégy, l’ancien gouverneur du fort d’Issy fût traduit devant un conseil de guerre ; que le citoyen Eudes ait à rendre compte de sa conduite ; il avait l’inspection des forts du sud et le sud a été tout à fait abandonné… Et le drapeau tricolore flotte sur le fort d’Issy !… Le Comité Central va mettre la Commune à la porte ; c’est frapper la Révolution au cœur. Malgré l’insuffisance des membres qui composent cette assemblée, il se dégage de la Commune une puissance de sentiment révolutionnaire capable de sauver la Patrie. Nous la sauverons, mais peut-être derrière les barricades… Déposez aujourd’hui toutes vos haines… J’ai vu Rossel ce matin à la revue de la place de la Concorde ; il était plus désolé que jamais… Le Parisien n’est pas lâche ; il faut qu’il soit mal commandé ou qu’il se croie trahi pour refuser de se battre. Il faut prendre des mesures immédiates ou nous abîmer dans notre impuissance comme des hommes indignes d’avoir été chargés de défendre le pays. La France nous tend les bras… Le Comité de salut public n’a pas répondu à ce qu’on attendait de lui. Il faut le renvoyer à la retraite. Que fait-il ? des nominations particulières. Un arrêté, signé Léo Meillet, nomme ce citoyen gouverneur du fort de Bicêtre ; il y avait là un soldat que l’on trouvait trop sévère… Votre Comité de salut public est annihilé, terrassé sous le poids des souvenirs, dont on le charge. Pour la population parisienne, ce sont les faisceaux, c’est la hache en permanence. On peut faire de très grandes choses en employant de simples mots. Je ne suis pas partisan des Comités de salut public ; ce ne sont que des mots. »

L’assemblée, secouée, applaudissait, interrompait aussi, subjuguée par cet homme sévère, qui était le devoir vivant. Elle se forme en comité secret, discute à fond le Comité de salut public. Qu’a-t-il fait en huit jours ? Il a implanté le Comité Central à la Guerre, accru le désordre, essuyé deux désastres. Ses membres s’absorbent dans les détails ou font un service d’amateurs ; un membre du Comité veut le défendre, invoque le peu de netteté de ses attributions. On lui oppose l’article 3 du décret d’institution, qui donne au Comité pleins pouvoirs. Après plusieurs heures, on décide de