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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

renouveler le Comité, de nommer un délégué civil à la Guerre, de rédiger une proclamation, de ne plus se réunir que trois fois par semaine, sauf les cas d’urgence, de mettre le nouveau Comité en permanence à l’Hôtel-de-Ville, les membres de la Commune restant aussi en permanence dans leurs arrondissements. Le soir, on se réunit encore. La majorité mit au fauteuil Félix Pyat rendu furieux par les attaques de l’après-midi. Il ouvrit la séance en demandant l’arrestation de Rossel. Groupant avec habileté des apparences qui parurent des preuves aux soupçonneux, il fit de Rossel le bouc émissaire des fautes du Comité, tourna contre le délégué l’indignation du Conseil. « Je vous avais bien dit, citoyens, que c’était un traître, mais vous n’avez pas voulu me croire. Vous êtes jeunes, vous n’avez pas su, comme nos maîtres de la Convention, vous défier du pouvoir militaire ». Cette évocation ravit les romantiques. Ils n’avaient qu’un rêve : paraître des conventionnels, tant cette Révolution de nouveaux était gangrenée d’imitations.

Il n’était pas besoin des fureurs de Pyat pour convaincre l’assemblée. L’acte de Rossel était coupable aux yeux des moins prévenus. Son arrestation fut décrétée à l’unanimité moins deux voix, et la commission de la Guerre reçut l’ordre de l’effectuer en tenant compte des circonstances.

On vint ensuite à la nomination du Comité. La minorité, un peu rassurée par la présence de Jourde aux Finances et l’attitude de Delescluze, résolut de voter cette fois et demanda sa place sur la liste. Excellente occasion pour effacer les dissidences, relier le faisceau contre les Versaillais. Mais les perfidies de Félix Pyat avaient amené les romantiques à considérer leurs collègues de la minorité comme de véritables réactionnaires. Après son discours, on avait suspendu la séance. Peu à peu, les membres de la minorité se trouvèrent seuls dans la salle. Ils découvrirent leurs collègues dans une pièce voisine, complotant une liste. Après de violentes paroles, ils les ramenèrent à l’assemblée.

Un membre de la minorité demanda qu’on en finît avec ces divisions indignes. Un romantique répondit en demandant l’arrestation de la « minorité factieuse », et