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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

set, faillit le prendre, le 10, arrêta sa femme et son associé Guttin. Vaysset, retiré à Saint-Denis, continua ses négociations avec Hutzinger[1].

L’échec de cette conspiration fit revenir M. Thiers de l’espoir d’une surprise, son dada des premiers jours de mai. Sur la foi d’un huissier qui s’engageait à faire ouvrir la porte Dauphine par son ami Laporte, chef de la 16e légion, M. Thiers avait bâti une expédition malgré la répugnance de Mac-Mahon et des officiers qui voulaient l’assaut. « Il valait mieux s’emparer de vive force de la ville, disait l’apostolique de Mun, capitaine de cuirassiers, l’ami des bons travailleurs ; le droit se manifeste d’une manière indiscutable » ; le droit au massacre, il le prouva. Sur les ordres du général Thiers, l’armée active et une partie de la réserve furent mises sur pied, la nuit du 3 mai, et le président vint coucher à Sèvres. À minuit, les troupes étaient massées dans le bois de Boulogne, en avant du lac inférieur ; l’œil fixé sur les portes. Elles devaient être ouvertes par une compagnie réactionnaire qui s’était formée à Passy sous les ordres de Wéry, lieutenant au 38e, fondé de pouvoirs de son ancien commandant Lavigne. Seulement les conspirateurs avaient négligé de prévenir Lavigne. La compagnie n’ayant pas reçu d’ordre de son chef supérieur craignit un piège, et refusa le service. Le poste fédéré ne fut pas relevé. Au petit jour, après s’être morfondues plusieurs heures, les troupes rentrèrent dans leurs cantonnements. Deux jours après Laporte fut arrêté ; il trouva le moyen de se faire relâcher.

Beaufond prit la suite et, lui aussi, garantit la li-

  1. Après la mort de son chef la société Vaysset réclama à Barthélemy Saint-Hilaire 39 000 francs environ. L’amiral Saisset si crédule à Hutzinger appuya la réclamation et une somme de 15 000 francs fut remise. La société insista pour qu’on lui payât le reste avec les fonds saisis sur les fédérés ; elle essaya même de faire chanter l’amiral qui finit par l’envoyer promener. Tout espoir perdu, elle publia, en 1873, sous le nom de la veuve Vaysset, une brochure remplie des faussetés voulues pour justifier sa réclamation, brochure adoptée par les figaristes contre tous les faits et documents. Hutzinger protesta, commença même une brochure de réfutation, puis se fit mouchard des proscrits et, brûlé, quitta Londres, Bruxelles.