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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

élections municipales qui eurent lieu le 30 avril en vertu de la nouvelle loi.

Elles furent républicaines. Cette province qui s’était levée contre Paris en Juin 48 et aux élections de 49 ne voulait combattre que l’Assemblée de 71. À Rochefort un grand nombre de bulletins avaient : « Vive la Commune ! » À Thiers, le peuple occupa l’hôtel de ville, arbora le drapeau rouge, s’empara des télégraphes. Il y eut des troubles à Souppe, Nemours, Château-Landon dans l’arrondissement de Fontainebleau. À Villeneuve-sur-Yonne, à Dordives, les communeux plantèrent devant la mairie un arbre de la liberté avec le drapeau rouge. À Montargis, ils placardèrent l’appel de la Commune aux campagnes et forcèrent un avoué qui avait voulu détruire l’affiche à demander pardon à genoux. À Coulommiers, on manifesta aux cris de : « Vive la République ! Vive la Commune ! »

Lyon s’insurgea. Le drapeau tricolore y régnait depuis le 24 mars, sauf à la Guillotière où le peuple maintenait le sien. Le conseil municipal, de retour de Paris, avait demandé la reconnaissance des droits de Paris, l’élection d’une Constituante et nommé l’officier de francs-tireurs Bourras commandant de la garde nationale. Pendant qu’il multipliait adresses et démarches auprès de M. Thiers, la garde nationale lyonnaise s’agitait de nouveau. Elle présentait un programme au conseil municipal qui refusait de l’accepter officiellement. L’échec des délégués envoyés à Versailles accrut l’irritation. À l’annonce des élections communales, l’élément révolutionnaire soutint que la loi municipale était nulle, l’Assemblée n’ayant pas les droits d’une Constituante. Deux délégués de Paris sommèrent Hénon de différer les élections. L’un des acteurs de l’échauffourée du 28 septembre, Gaspard Blanc, reparut sur la scène. La Gauche, à la recherche du bonapartisme, a triomphé de la présence de ce personnage ; il n’était encore qu’un écervelé et ne prit la livrée impériale qu’en exil. Le 27, aux Brotteaux, dans une grande réunion publique, on décida de s’abstenir et le 29, à la Guillotière, de s’opposer au vote.