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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

tembre, et qui s’était, par la faveur de Gambetta, logé dans la magistrature. Il somme ses anciens camarades de se rendre ; des coups de feu répondent, le préfet est blessé, La cavalerie balaie le cours des Brosses et la place de la mairie ; deux pièces de canon ouvrent le feu sur l’édifice. Les portes volent bientôt en éclats ; les occupants l’abandonnent. La troupe y pénètre, après avoir tué la sentinelle qui a voulu monter sa garde jusqu’au dernier moment. On a dit que des insurgés, surpris dans l’intérieur, furent tués à coups de revolver par un officier versaillais.

La lutte continua une partie de la nuit dans les rues voisines. Les soldats, trompés par l’obscurité, se tuèrent plusieurs hommes. Les pertes des communeux furent très faibles. À trois heures du matin, tout cessa.

À la Croix-Rousse, quelques citoyens avaient envahi la mairie et dispersé les urnes ; l’échec de la Guillotière termina leur résistance.

Les Versaillais profitèrent de la victoire pour désarmer les bataillons de la Guillotière ; mais la population ne voulut pas se rallier aux vainqueurs. Quelques monarchistes avaient été élus pendant la journée. Ils furent obligés de se soumettre à un second scrutin, tout le monde considérant les élections du 30 comme nulles. Aucun d’eux ne fut renommé. L’agitation pour Paris continua.

Ces conseils républicains nouvellement élus pouvaient forcer la main à Versailles. La presse avancée les encourageait. La Tribune de Bordeaux proposa un congrès de toutes les villes de France, pour terminer la guerre civile, assurer les franchises municipales et consolider la République. Le conseil municipal de Lyon, avec un programme identique, invita toutes les municipalités à envoyer à Lyon des délégués. Le 4 mai, les délégués des conseils des principales villes de l’Hérault se réunirent à Montpellier. La Liberté de l’Hérault, dans un chaleureux appel, reproduit par cinquante journaux, convoqua la presse départementale à un congrès. Une action commune allait remplacer l’agitation incohérente des dernières semaines. Si la province comprenait sa force, l’heure, ses besoins, si elle