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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

M. Thiers. Qui a parlé de conciliation, multiplié les tentatives de paix ? — Paris. Qui les a toujours repoussées ? — M. Thiers. La conciliation ! a dit M. Dufaure, mais l’insurrection est moins criminelle… Et ce que n’ont pu faire ni les francs-maçons, ni les Ligues, ni les adresses, ni les conseillers municipaux de province, vous l’attendez d’une députation prise parmi les Parisiens ! Tenez, sans le savoir, vous énervez la défense. Non, plus de députations ; des correspondances actives avec la province ; là est le salut ! » — « Voilà donc cet énergumène de Millière dont on nous épouvante en province, s’écriait mon ami. — Oui, et ces milliers d’hommes de toutes les conditions qui cherchent la paix en commun, s’écoutent, se répondent avec courtoisie, voilà le peuple en démence, la poignée de « bandits qui tient la capitale. »

À la caserne du prince Eugène, paressent les quinze cents soldats restés à Paris le 18 mars et que la Commune héberge sans en obtenir aucun service, ces fainéants ne voulant être, disent-ils, ni avec Paris ni avec Versailles. Boulevard Magenta, voici les nombreux squelettes de l’église St-Laurent, rangés dans le même ordre où ils ont été trouvés, sans trace de cercueil ni de suaire. Est-ce que les sépultures dans les églises ne sont pas formellement interdites ? Quelques-unes cependant, Notre-Dame-des-Victoires surtout, foisonnent de squelettes. La Commune n’a-t-elle pas le devoir de mettre au jour ces illégalités qui sont peut-être des crimes ?

Sur les boulevards, depuis Bonne-Nouvelle jusqu’à l’Opéra, le même Paris flâne aux magasins, attablé devant les cafés. Les voitures sont rares, le second siège a coupé court au ravitaillement des chevaux. Par la rue du 4 Septembre, nous gagnons la Bourse surmontée du drapeau rouge et la Bibliothèque Nationale qui ne chôme pas de lecteurs. À travers le Palais Royal, nous arrivons au Musée du Louvre. Les salles, garnies de toutes les toiles que l’administration du 4 Septembre a laissées, sont ouvertes au public. Jules Favre et ses journaux n’en disent pas moins que la Commune vend à l’étranger les collections nationales.

Descendons la rue de Rivoli. Rue Castiglione, une