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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

tinue de canonner la Butte-aux-Cailles devant laquelle ses hommes reculent depuis si longtemps.

Des scènes pénibles se passent dans les forts. Wroblewski, dont ils couvraient l’aile gauche, comptait pour les conserver sur l’énergie du membre de la Commune qui s’y était délégué. La veille au soir, le commandant de Montrouge avait abandonné ce fort et s’était replié sur Bicêtre avec sa garnison. Le fort de Bicêtre ne devait pas tenir beaucoup plus. Les bataillons déclarèrent qu’ils voulaient rentrer en ville pour défendre leurs quartiers. Léo Meillet ne sut pas contenir les meneurs et la garnison rentra dans Paris après avoir encloué les canons. Les Versaillais occupèrent les deux forts évacués et y établirent des batteries contre le fort d’Ivry et la Butte-aux-Cailles.

L’attaque générale de la Butte ne commence qu’à midi. Les Versaillais suivent le rempart jusqu’à l’avenue d’Italie et la route de Choisy, ayant pour objectif la place d’Italie qu’ils attaquent aussi du côté des Gobelins. Les avenues d’Italie et de Choisy sont défendues par de fortes barricades qu’il ne faut pas songer à forcer : mais celle du boulevard Saint-Marcel que protège d’un côté l’incendie des Gobelins, peut être tournée par les nombreux jardins dont ce quartier est coupé. Les Versaillais y réussissent. Ils s’emparent d’abord de la rue des Cordières-Saint-Marcel où vingt fédérés qui refusent de se rendre sont massacrés ; puis ils s’engagent dans les jardins. Pendant trois heures la fusillade, longue, acharnée, enveloppe la Butte foudroyée par les canons versaillais six fois plus nombreux que ceux de Wroblewski.

La garnison d’Ivry arrive vers une heure. En quittant le fort elle avait mis le feu à une mine qui fit sauter deux bastions. Des cavaliers versaillais entrèrent dans le fort, abandonné et non « le bancal à la main » comme voulut le faire croire M. Thiers dans un bulletin renouvelé de la « hache d’abordage » de Marseille.

Sur la rive droite, vers dix heures, les Versaillais arrivent à la barricade du faubourg Saint-Denis près de la prison Saint-Lazare, la tournent et surprennent dix-sept fédérés. Sommés plusieurs fois de se rendre, ils répondirent : « Vive la Commune ! » L’un d’eux ser-