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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

ouvrières de la fin de l’Empire. Infatigable, modeste, parlant très peu, toujours au moment juste et, alors éclairant d’un mot la discussion confuse, il avait conservé le sens révolutionnaire qui s’émousse souvent chez les ouvriers instruits. Un des premiers au 18 Mars, au labeur pendant toute la Commune, il fut aux barricades jusqu’au bout. Ce mort-là est tout aux ouvriers.

Les journalistes versaillais crachèrent sur son cadavre, dirent qu’on avait trouvé sur lui des centaines de mille francs, bien que le rapport officiel eût dit : « un porte-monnaie contenant 284 fr. 15 ». Rentrés à Paris derrière l’armée, ils la suivaient comme des chacals et groinaient dans les morts. Oubliant que dans les guerres civiles il n’y a que les morts qui reviennent, tous ces Sarceys n’avaient qu’un article : Tue ! Ils publiaient les noms, les gîtes de ceux qu’il fallait fusiller, ne tarissaient pas d’inventions pour entretenir la fureur du bourgeois. Après chaque fusillade, ils criaient : Encore ! « Il faut faire la chasse aux communeux ». (Bien public.) — « Ces hommes qui ont tué pour tuer et pour voler, ils sont pris et on leur répondrait : Clémence  ! Ces femmes hideuses qui fouillaient à coups de couteau la poitrine d’officiers agonisants, elles sont prises et on dirait : Clémence ! » (Patrie.) — « Qu’est-ce qu’un républicain ? Une bête féroce… Allons, honnêtes gens ! un coup de main pour en finir avec la vermine démocratique et internationale. » (Figaro.) — « Le règne des scélérats est fini. On ne saura jamais par quels raffinements de cruauté et de sauvagerie ils ont clos cette orgie du crime et de la barbarie… Deux mois de vol, de pillage, d’assassinats et d’incendie. » (Opinion Nationale.) — « Pas un des malfaiteurs dans la main desquels s’est trouvé Paris pendant deux mois ne sera considéré comme un homme politique : on les traitera comme des brigands qu’ils sont, comme les plus épouvantables monstres qui se soient vus dans l’histoire de l’humanité. Plusieurs journaux parlent de relever l’échafaud détruit par eux, afin de ne pas même leur faire l’honneur de les fusiller. » (Moniteur universel). — Un journal médical anglais demanda, le 27 mai, la vivisection des prisonniers.