Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/45

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celui qui croirait que la Constitution de 1870 lui permettra davantage que celle de 1852… Non… le despotisme ne peut engendrer que le despotisme… Si vous désirez en finir une bonne fois avec les souillures du passé… le meilleur moyen, suivant nous, est de vous abstenir ou de déposer dans l’urne un bulletin inconstitutionnel. »

Plus vibrant que celui de la Gauche fut l’appel de Garibaldi à l’armée française : « Je voudrais ne voir en vous que les descendants de Fleurus et de Jemmapes ; alors, quoique invalide, saluant votre superbe drapeau de la République, je marcherais encore à vos côtés. »

De leur côté les journalistes républicains, les réunions publiques, suppléèrent à la pauvreté du manifeste, firent la vraie campagne, autrement dévoués, risquant leur liberté, que les républicains en vedette dont les plus riches donnaient tout juste un écu. Le seul généreux fut Cernuschi, l’ancien membre de la Constituante romaine, qui envoya deux cent mille francs.

Un rien encore contre cet Empire qui avait les banques publiques et la terreur. Le 30 avril, il expédiait à Mazas les rédacteurs du manifeste de la Corderie et les agitateurs ouvriers Avrial, Malon, Theisz, Héligon, Assi etc. ; le 17 mai, il produit un complot. Sa police vient d’arrêter dans une maison publique un ancien soldat, Beaury, muni de l’argent et d’une lettre de Flourens, réfugié à Londres et qui l’envoie assassiner l’empereur. L’Internationale est dans l’affaire, jurent le Figaro et le monde officiel. Les sociétés de la Corderie ont beau protester et l’Internationale écrire : « Nous savons trop bien que les souffrances de toutes sortes qu’endure le prolétariat tiennent bien plus à l’état économique qu’au despotisme accidentel de quelques faiseurs de coups d’état pour perdre notre temps à rêver la suppression de l’un d’eux », on saisit le manifeste, on saisit les journaux. Émile Ollivier voit partout l’Internationale, télégraphie à tous les parquets d’arrêter les affiliés, qu’il doit y en avoir. Les arrestations avec mandat en blanc s’abattent sur tous les toits. Du 1er  au 8 août aucun républicain n’est à l’abri. Les députés de la Gauche découchent. Delescluze et plusieurs journalistes sont forcés de se réfugier en Belgique.