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APPENDICE

En second lieu, un comité de salut public, nommé par la Commune, mais bientôt en rupture violente avec elle, parce qu’il aurait voulu la diriger dictatorialement.

« En troisième lieu, le Comité central, formé durant le siège et composé principalement d’agents de l’Internationale, uniquement préoccupé d’intérêts cosmopolites et se souciant fort peu des intérêts parisiens ou français[1] ; c’est ce comité central qui dispose des canons, des munitions, en un mot de presque toute la force matérielle.

« Il faut ajouter à tout cela les influences bonapartistes et prussiennes, dont il est facile de constater l’action plus ou moins apparente dans chacun de ces trois pouvoirs[2].

« L’insurrection parisienne, continua M. Louis Blanc, est légitime dans ses motifs et dans son but premier ; revendication des franchises municipales de Paris. Mais l’intervention du Comité central et la prétention manifestée de gouverner toutes les autres communes de la République en ont complètement dénaturé le caractère[3]. Enfin cette insurrection, en présence d’une armée prussienne, prête à entrer dans Paris, si la Commune est victorieuse, est tout à fait condamnable et doit être condamnée par tout véritable républicain. Voilà pourquoi les maires de Paris, la Gauche de l’Assemblée et l’Extrême-Gauche n’ont pas hésité à protester contre une insurrection que le voisinage de l’armée prussienne et les autres circonstances pouvaient rendre criminelle.

« M. Martin Bernard avait tenu le même langage et presque dans les mêmes termes. « Si Barbés vivait en-

  1. On a vu comment s’était créé le Comité central ; pas un seul internationaliste au début, deux ou trois au plus dans la suite.
  2. M. Thiers et Jules Favre eux-mêmes ont moins calomnié Paris que Louis Blanc. Le premier a dit dans l’Enquête sur le 18 mars, t. 2, p. 15 : « Il n’est pas vrai, comme on l’a prétendu, que j’eusse beaucoup de difficultés avec le gouvernement prussien à propos de la Commune et qu’il eût pour elle la moindre prédilection. » L’autre, t. 2, p. 49 : « Je n’ai rien vu qui m’autorise à accuser soit les Bonaparte, soit la Prusse… Le général Trochu s’est trompé… Je n’ai rien qui m’autorise à accuser les Bonaparte d’avoir fomenté le 18 Mars. Après l’insurrection du 18 Mars, j’ai passé mon temps à repousser les offres qui m’étaient faites par les Prussiens de venir accabler la Commune. »
  3. Le pauvre homme n’avait même pas lu le manifeste autonomiste de l’Hôtel-de-Ville.