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APPENDICE

« Chaque couple avait fui de sa chambre en plein désarroi, et ils étaient nombreux, presque toutes les pièces de ce vaste édifice ayant été transformées en chambres à coucher ! Ce n’était partout, sur le parquet, sur les meubles, dans les lits défaits, que de faux chignons rancis, jupons jaunis, corsets défraîchis, restes de victuailles, fonds de bouteilles, débris et maculatures de toute espèce de l’orgie habituelle de la soirée. Les soldats durent immédiatement procéder au nettoyage et à la désinfection de la mairie, pour la rendre accessible sans trop de pèril pour la vue et l’odorat.

« Delescluze, l’Erostrate-Marat, qui vient de « faire à la liberté des funérailles dignes d’elle », avait donc sa petite maison dans ce lieu de délices, et la maîtresse du sieur Verdure, autre élu du XIe arrondissement, laquelle avait été nommée « déléguée » à l’Orphelinat de la rue Oberkampf, employait son importance nouvelle à tout ce qui pouvait procurer d’agréables distractions aux grands hommes de la Commune.

« Ces faits étaient déjà connus et presque publics. Or, voilà qu’on vient d’en découvrir, sur le théâtre même, une de ces preuves irrécusables qui appartiennent à l’histoire et à la conscience publique, et que nous rapportons dans sa nudité révélatrice.

« Voici comment la matrone infâme chargée, ne l’oublions pas, de la direction d’une maison de jeunes orphelines de tout âge, la fille de joie accouplée au brigand Verdure, la proxénète de profession et d’expérience, pourvoyait un jour à la lubricité avinée de l’incendiaire en chef de Paris. Certains objets ignobles, trouvés en nombre dans cette maison souillée, prouvent d’ailleurs toute la prudence de ce Faublas de la basse démagogie dans la débauche.

« Au citoyen Delescluze.

« Je certifie que la nommée Henriette Dubois est dans un état de santé et de propreté qui ne laisse absolument rien à désirer.

« Paris, le 5 mai 1871.

« Citoyenne Verdure. »

« Et voilà ce que valaient les plus illustres d’entre les régénérateurs de l’humanité. » (Sans signature.)[1]

  1. Encore en 95, Le Figaro racontait que Delescluze avait réquisitionné pour son service personnel les appartements de l’Élysée.