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le maître traîne après lui son troupeau d’ouvriers qu’il peut licencier à son gré ? Mais nos émissaires, ce sont les heures de travail interminables, les patrons avides, les chômages, les misères du foyer. Voilà les conspirateurs.

« Vos mitrailleuses ont rayé toute une génération d’ouvriers. Et après ? Ne faudra-t-il pas toujours des travailleurs ? Qu’avez-vous fait pour prévenir des révolutions inévitables ? Le travail vit encore sous les lois impériales renforcées de l’état de siége et, de vos enquêtes dérisoires, où vos préfets, votre police, ont déposé leurs lumières, les travailleurs seuls ont été écartés.

« Ah ! il fallait aussi que le monde connût votre stupide ignorance comme il sait votre férocité. »

VOIX DES FUSILLÉS DANS LES TRIBUNES : — « Les travailleurs feront d’eux-mêmes. Nous sommes les victimes du siècle et nous n’en sortirons pas sans l’avoir redressé. »

DELESCLUZE : « Vous m’avez vu à Bordeaux. — Seul, quand toute la gauche défaillait, je vins à la tribune, au nom de la grande ville, demander la mise en accusation de ceux qui l’avaient trahie. Vous couvrîtes alors ma voix de vos murmures, car vous méditiez des trahisons plus hautes. La Défense nationale avait