Page:Lissagaray - La Vision de Versailles.djvu/7

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au vieux chacal dont la vue s’affaiblit et dont la dent s’émousse, des louveteaux alertes et moins rassasiés.

Qu’on obéisse ! Tout effort du pays pour reconquérir son suffrage est un crime. Sangsues collées sur le corps de la France, ils ne lâcheront prise qu’après s’être gorgés du reste de son sang.

Il descend. Les sept cents langues de Caligula claquent de droite et de gauche. Mais on se tait bientôt. Le petit homme blanc sautille à la tribune. Il s’indigne. On ose lui demander des gages ! Et sa vie tout entière, et ses massacres de Transnonain, et ses lois de septembre, et son parti de l’ordre de 1848, et ses massacres de Mai ! Comme il grandit alors ! Avec quelle chaleur, quelle émotion, il revendique l’honneur entier d’avoir conduit, exécuté l’égorgement ! Faiblissait-il en ce moment ? La bourgeoisie française a-t-elle rencontré un plus parfait exécuteur de ses hautes-œuvres ? Et cette Commission des Grâces, ne lui a-t-il point donné à boire tout le sang qu’elle a voulu ?

Qu’il est beau, ce vieillard étalant avec orgueil devant l’univers ses mains plus rouges que celles de Sylla ! Comme il dépasse tous ces vulgaires criminels de la hauteur de quarante ans de crimes ! Rouher et Jules Favre eux-mêmes se taisent humiliés. Puisses-tu mourir dans ton triomphe, président de la République radicale, maître, gorgé de toutes les joies humaines, afin