Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/151

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composée de jardins et de cours, appelée la cité Vincennes, nous entendîmes un grand bruit Nous vîmes bientôt déboucher une foule énorme, houleuse, autour d’un détachement qui conduisait une cinquantaine de prisonniers. Trente-six d’entre eux étaient des gardes de Paris, des sergents de ville, détenus comme otages et convaincus, dans des débats publics, d’avoir, le 18 mars, tiré sur le peuple. Quatorze étaient des ecclésiastiques détenus sans jugement. Escorté de malédictions, le cortège entra, et les grilles se refermèrent. La foule se répandit dans un terrain vague situé à gauche et d’où à travers une ouverture pratiquée dans le mur de la cité on apercevait le jardin intérieur.

Le membre de la Commune X se trouvait au quartier général, quand, à son grand étonnement. — car personne de la Commune n’avait donné un pareil ordre, — il vit amener les prisonniers. On les poussait tumultueusement contre une sorte de tranchée, située au pied d’un mur parallèle à la rue Haxo. X s’avança précipitamment. « Que faites-vous ? cria-t-il aux gardes ; il y a derrière ce mur une poudrière ; vous allez nous faire sauter ! » — Il espérait ainsi retarder l’exécution. — D’ailleurs, la cour était encombrée de voitures et d’omnibus remplis de