Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/153

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ment. Les troupes furent longtemps arrêtées par le bâtiment de la Douane, et le soir l’incendie des Docks les força à demeurer sur leurs positions.

A la fin de la journée du 20, l’armée versaillaise enfermait la résistance entre les fortifications et une ligne qui, de la place de la Villette, aboutit à la Bastille en passant par le Château d’Eau ; Ladmirault et Vinoy aux deux extrémités, Douay et Clinchant au centre. Le XXe arrondissement seul restait intact aux mains des fédérés.

La nuit du samedi fut sombre et fiévreuse dans tout Ménilmontant et Belleville, fouillés par les obus. Les Versaillais, qui reprochent aux fédérés d’avoir, du Père-Lachaise et des buttes Chaumont, soutenu leurs barricades, bombardèrent Ménilmontant deux jours avant de l’attaquer. On veillait soigneusement. Au détour de chaque rue, les sentinelles exigeaient le mot d’ordre et souvent il ne suffisait pas. Il fallait pour circuler justifier d’une mission, et chaque chef de poste ou de barricade se croyait le droit d’en discuter l’utilité et de livrer ou de refuser le passage. Les débris des bataillons continuèrent d’arriver jusqu’au matin ; mais les maisons étaient pleines ; beaucoup durent camper devant la