Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/190

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portant le même nom et à peu près le même signalement qu’un fonctionnaire de la préfecture de police échappé à toutes les recherches. Beaucoup de réfugiés à l’étranger possèdent ainsi leur extrait mortuaire, délivré par les autorités compétentes. L’armée, n’ayant ni police ni renseignements précis, tuait à tort et à travers comme elle arrêtait, en tas, comptant sans doute qu’elle atteindrait par là tout le monde. Elle réussit, en effet, à fusiller dans le nombre pas mal de bourgeois réactionnaires, obligés, malgé leurs protestations désespérées de mourir pour le compte de la Commune.

Mais on avait bien le temps de s’arrêter à ces misères ! La presse sonnait la curée. Ni la crainte des représailles, dans l’avenir, ni l’exemple de Clément Thomas, tué après vingt-deux années par le souvenir de juin 48, ne purent l’arrêter. Altérée de vengeance personnelle, oubliant que dans les guerres civiles il n’y a que les morts qui reviennent, elle n’avait qu’une voix, qu’un article : « Tue ! tue ! »

« Pas un des malfaiteurs dans la main desquels s’est trouvé Paris pendant deux mois ne sera considéré comme homme politique : on les traitera comme des brigands qu’ils sont, comme les plus épouvantables monstres qui se soient