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Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/206

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foyers d’infection. Les cadavres exhumés furent transportés en général dans les cimetières hors de Paris. Près du fort d’Ivry, on utilisa les tranchées creusées pendant le siége. Les fourgons de l’armée s’y succédèrent sans relâche chargés de leurs lugubres fardeaux. D’autres fourgons pleins de chaux suivaient, et les tranchées se remplissaient ainsi peu à peu de cadavres et de chaux. A Charonne et à Bagnolet, on enterra dans de grands fossés, sur un lit de chaux vive, les fédérés tués dans le quartier Popincourt, à Belleville et aux environs de la Roquette. Les tranchées furent recouvertes d’une épaisse couche de terre. « Rien à craindre des émanations cadavériques, dit un journal de l’ordre. Un sang impur abreuvera en le fécondant le sillon du laboureur. » Tous les soirs un grand nombre de tombereaux, chargés de cadavres de gardes nationaux, étaient dirigés sur Versailles, où ils entraient la nuit. Mais beaucoup de corps ne purent être transportés et il fallut les enfouir à Paris même. Ainsi, quand on exhuma ceux qui avaient été déposés dans les terrains de l’usine à gaz et parmi lesquels il y avait un grand nombre de femmes, on trouva le tout dans un état de décomposition très-avancée. Les vêtements étaient en lambeaux et déjà