Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/46

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tout dire, mais on devina. Les magasins furent aussitôt fermés, les boulevards se vidèrent, et, l’ignorance des événements grossissant le danger, les curieux, abrités dans les rues adjacentes, avancèrent timidement la tête, croyant à chaque instant voir défiler les soldats.

Tous les pouvoirs militaires étaient concentrés à l’Hôtel de ville. Il y avait peu de monde sur la place. Des estafettes, des gardes isolés arrivèrent vers neuf heures, apportant des lambeaux de renseignements. Les Versaillais étaient au Champ-de-Mars, au faubourg Saint-Germain, à la Muette, à l’Arc de Triomphe. On n’en put tirer davantage. Quant au nombre des assaillants, aux noms des généraux, nul ne les connaissait.

Voici ce qui s’était passé :

Dès le matin, les généraux Ladmirault et Clinchant, établis, comme nous l’avons vu, à Passy et à la Muette, avaient longé silencieusement les remparts et débouché sur l’avenue de la Grande-Armée. Tout à coup les braves artilleurs de la porte Maillot se retournant, virent les Versaillais, leurs voisins depuis tantôt dix heures. Nulle sentinelle ne les avait prévenus. — Ils se firent tuer sur leurs pièces jusqu’au dernier. Les troupes remontèrent l’avenue jus-