Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/56

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officiers n’avaient à craindre ni les souvenirs, ni les relations, ni l’influence du milieu. En outre, ils répétaient perpétuellement à leurs hommes que la Commune n’était qu’un ramassis de voleurs et de coquins, que les Communalistes ne faisaient pas de prisonniers, et qu’ils avaient impitoyablement massacré les militaires qui avaient, au 19 mars, levé la crosse en l’air. Le contact des Versaillais avec la population était du reste à peu près impossible ; il n’y avait dans les rues que les combattants. Ajoutons que le vin et l’eau-de-vie ne faisaient pas défaut aux troupes, l’argent non plus. Le 28 au matin, nous vîmes, près de la mairie du XIe, de simples fusiliers marins changer des pièces d’or chez les marchands de vins.

Aussi, dès le 22, les massacres de prisonniers commencèrent. Vers une heure de l’après-midi, les Versaillais conduisirent à la caserne de Babylone dix-sept gardes nationaux faits prisonniers rue du Bac, et là ils les fusillèrent.

On le voit, les exécutions sommaires ont précédé les incendies et la mort des otages. On sait d’ailleurs que bien avant l’entrée à Paris, le massacre des prisonniers n’était pas rare dans l’armée versaillaise. Dès le début du siège, l’officier de gendarmerie auquel on conduisit