Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/77

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en échec les troupes de Clinchant. A onze heures seulement, exténuées et manquant de munitions, elles furent surprises et celles qu’on saisit massacrées sur place. Les Versaillais, passant sur leurs cadavres, s’élancèrent vers la rue Lepic, que gravissaient en même temps les soldats vainqueurs de la rue des Carrières.

Cluseret n’avait fait que paraître à Montmartre. Le commandement était resté entre les mains de La Cécilia. Républicain, savant distingué, brave, mais absolument incapable d’organiser la résistance, il se perdit toute la matinée dans le chaos des bataillons. Rien n’avait été préparé pendant le siége pour mettre Montmartre à l’abri d’un coup de main, et l’on s’était contenté d’y accumuler des pièces et des munitions. Il était difficile au dernier moment d’improviser un plan de défense ; personne ne l’essaya, et les fédérés ne pouvaient guère y suppléer par leur initiative. La demi-discipline de la garde nationale avait énervé cette spontanéité si précieuse dans la guerre des rues. On s’était habitué à une sorte de direction, d’administration. Quand elles manquèrent, les gardes nationaux, abandonnés à leurs seules ressources, crurent à la trahison, cédèrent au découragement, et sur beaucoup de points se retirèrent.