Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/233

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rière, de toute la puissance productive du pays ? L’histoire ne connaît pas de peuple riche, de peuple adonné au commerce et aux arts, qui n’ait été en même temps un peuple libre.

Partout c’est avec les manufactures qu’on voit apparaître les voies de communication, l’amélioration de la navigation fluviale, la construction de canaux et de routes, la navigation à vapeur et les chemins de fer, ces conditions essentielles d’une agriculture avancée et de la civilisation.

L’histoire enseigne que les arts et les métiers ont voyagé de ville en ville, de pays en pays. Persécutés et opprimés dans leur patrie, ils s’enfuyaient dans les villes et dans les contrées qui leur assuraient liberté, protection et appui. C’est ainsi qu’ils passèrent de Grèce et d’Asie en Italie, de là en Allemagne, en Flandre et en Brabant, et de ces derniers lieux en Hollande et en Angleterre. Partout ce fut la démence et le despotisme qui les chassèrent et la liberté qui les attira. Sans les extravagances des gouvernements du continent, l’Angleterre serait difficilement parvenue à la suprématie industrielle. Mais lequel nous semble le plus raisonnable, d’attendre que d’autres peuples soient assez insensés pour expulser leurs industries et pour les contraindre à chercher parmi nous un refuge, ou, sans compter sur de pareilles éventualités, de les attirer chez nous en leur offrant des avantages ? L’expérience apprend, il est vrai, que le vent porte les graines d’une contrée dans une autre, et que des espaces incultes se sont changés ainsi en forêts épaisses ; mais le forestier serait-il sage d’attendre que le vent opérât cette transformation dans le cours des siècles ? Est-il insensé, lorsqu’il ensemence des terrains incultes, afin d’atteindre le but en quelques dizaines d’années ? L’histoire nous enseigne que des peuples entiers ont accompli avec succès ce que nous voyons faire au forestier.

Quelques cités libres ou de petites républiques, bornées dans leur territoire, dans leur population, dans leur puissance militaire, ou encore des associations de pareilles villes et de pareils États, soutenues par l’énergie de leur jeune liberté, favorisées par leur situation géographique et par d’heureuses