Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/234

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circonstances, ont brillé dans l’industrie et dans le commerce longtemps avant les grandes monarchies, par de libres relations avec ces dernières, auxquelles elles fournissaient des produits manufacturés en échange de produits agricoles. Elles se sont élevées à un haut degré de richesse et de puissance. Tel a été le cas de Venise et de la Hanse, de la Flandre et de la Hollande.

La liberté du commerce n’a pas été moins avantageuse dans le commencement aux grands États avec lesquels elles trafiquaient. Dans l’abondance de leurs ressources naturelles et dans la rudesse de leur état social, la libre importation des produits fabriqués étrangers et l’exportation de leurs produits agricoles étaient les moyens les plus certains et les plus efficaces de développer leurs forces productives, d’accoutumer au travail des habitants paresseux et querelleurs, d’intéresser les propriétaires du sol et les nobles à l’industrie, d’éveiller l’esprit d’entreprise endormi chez les marchands, en un mot, d’accroître leur culture, leur industrie et leur puissance.

La Grande-Bretagne surtout a retiré ces avantages de ses relations avec les Italiens et les Anséates, avec les Flamands et les Hollandais. Mais, parvenus à l’aide du libre commerce à un certain degré de développement, les grands États comprirent que le plus haut point de culture, de puissance et de richesse ne pouvait être atteint qu’au moyen de l’association des manufactures et du commerce avec l’agriculture ; ils sentirent que les manufactures récentes du pays ne pourraient soutenir avec succès la libre concurrence des manufactures anciennes de l’étranger ; que leurs pêcheries et leur navigation marchande, bases de la puissance maritime, ne pourraient prospérer qu’à l’aide de faveurs particulières, et qu’à côté d’étrangers supérieurs par les capitaux, par l’expérience et par les lumières, les commerçants nationaux continueraient à être paralysés. Ils cherchèrent, en conséquence, par des restrictions, par des faveurs et par des encouragements, à transplanter sur leur propre sol les capitaux, l’habileté et l’esprit d’entreprise des étrangers, et cela avec plus ou moins de suc-