Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/241

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physiocrates contre la nature des choses et contre la logique. Pas plus que Quesnay, Adam Smith ne se proposa de traiter de l’objet de l’économie politique, c’est-à-dire de la politique que chaque pays doit suivre pour accomplir des progrès dans son état économique. Il intitula son ouvrage : De la nature et des causes de la richesse des nations, c’est-à-dire de toutes les nations dont se compose le genre humain. Il consacra aux divers systèmes d’économie politique une partie de son travail, mais uniquement afin d’en montrer le néant et de prouver que l’économie politique ou nationale devait faire place à l’économie humanitaire. Si parfois il parle de la guerre, ce n’est jamais qu’en passant. L’idée de la paix perpétuelle sert de base à tous ses arguments. Suivant la remarque significative de Dugald-Stewart, son biographe, il avait pris pour point de départ de ses recherches cette maxime, « que la plupart des mesures de gouvernement pour l’avancement de la prospérité publique sont inutiles, et que, pour élever un État du dernier degré de barbarie au plus haut point d’opulence, il ne faut que trois choses, des taxes modérées, une bonne administration de la justice et la paix. » Évidemment Adam Smith entendait par ce dernier mot la paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre.

J.-B. Say demande explicitement qu’on admette l’existence d’une république universelle pour concevoir l’idée de la liberté du commerce. Cet écrivain, qui au fond n’a fait que construire un édifice scientifique avec les matériaux fournis par Adam Smith, dit en propres termes dans son Économie politique pratique[1]:« Nous pouvons confondre dans les mêmes considérations la famille et le chef qui pourvoit à ses besoins. Les principes, les observations qui les concernent, composent l’économie privée; l’économie publique embrasse les observations et les principes qui ont rapport aux intérêts d’une nation considérée en particulier et comme pouvant être opposés aux intérêts d’une autre nation. Enfin l’éco-

  1. IXe partie, Tableau général de l’Économie des sociétés.