Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nomie politique regarde les intérêts de quelque nation que ce soit ou de la société en général[1]. »

On doit remarquer ici premièrement que Say reconnaît, sous le nom d’économie publique l’existence d’une économie nationale ou politique, dont il ne s’est point occupé dans ses ouvrages ; en second lieu qu’il donne le nom d’économie politique à un enseignement évidemment cosmopolite par sa nature, et que, dans cet enseignement, il ne traite que de l’économie qui a exclusivement en vue les intérêts collectifs du genre humain, sans avoir égard aux intérêts séparés de chaque nation.

Cette confusion de mots aurait disparu, si, après avoir développé ce qu’il appelle l’économie politique, et ce qui n’est autre chose que l’économie cosmopolite ou l’économie du monde, l’économie du genre humain, Say nous eût initiés aussi aux principes de la doctrine qu’il appelle économie publique, mais qui n’est autre chose que l’économie de nations données, ou l’économie politique. Dans la définition et dans l’exposé de cette science, il aurait pu difficilement s’empêcher de partir de l’idée de nation et de montrer quels changements essentiels l’économie du genre humain doit éprouver par ce seul fait que le genre humain est partagé en nationalités distinctes, formant un faisceau de forces et d’intérêts, et placées dans leur liberté naturelle vis-à-vis d’autres sociétés semblables. Mais, en donnant à son économie humanitaire le nom d’économie politique, il s’est dispensé d’un tel exposé ; par une confusion de mots il a produit une confusion d’idées, et masqué une série d’erreurs théoriques des plus graves.

Tous les écrivains postérieurs ont partagé cette erreur. Sismondi appelle l’économie politique « la science qui se charge du bonheur de l’espèce humaine. » Ainsi Adam Smith et ses disciples n’ont enseigné au fond autre chose que ce que

  1. stion dans une note précédente. Il est évident que son économie publique rentre dans le domaine de l’économie politique, laquelle serait incomplète, si elle faisait abstraction des intérêts séparés des nations diverses dont se compose le genre humain. (H. R.)