Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/323

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damentale des systèmes ainsi désignés y ait été découverte.

La notion de l’économie nationale ne pouvait pas être comprise, parce qu’il n’existait pas de nation économique, et qu’à l’idée particulière et déterminée de nation on avait substitué l’idée générale et vague de société, idée applicable au genre humain tout entier ou à un petit pays ou à une seule ville, tout aussi bien qu’à la nation.


CHAPITRE VII.

l’industrie manufacturière et les forces productives personnelles, sociales et politiques du pays[1]


Sous le régime d’une agriculture informe règnent la paresse d’esprit, la lourdeur de corps, l’attachement à de vieilles idées,

  1. Dans ce chapitre et dans ceux qui suivent, List met en relief, avec beaucoup de force, les avantages de cette industrie manufacturière que plusieurs économistes ont systématiquement dépréciée et dont on s’est plu, dans ces dernières années, à exagérer les inconvénients. Il ne s’agit pas ici, du reste, à proprement parler, d’une comparaison entre l’agriculture et l’industrie manufacturière ; List ne reprend pas cette thèse banale ; mais, à ce qu’il appelle l’état purement agricole, il oppose l’état à la fois agricole et manufacturier. Cette dernière condition de la société est incontestablement un développement de la civilisation, et elle nous donne de grands biens, quelquefois, il est vrai, mêlés de grands maux.
      On a reproché à List d’avoir fait exclusivement honneur à l’industrie manufacturière de résultats qui pourraient être justement revendiqués pour le commerce. Voici comment s’exprime à cet égard l’auteur allemand de l’Économie nationale du passé et de l’avenir, M. Hildebrand.
      « List oublie le grand rôle historique du commerce intermédiaire, principal objet de l’activité des républiques italiennes du moyen âge ainsi que des Villes anséatiques et de la Hollande, et il exagère l’influence des manufactures. C’est de ces dernières qu’il fait dériver, non-seulement la prospérité de l’agriculture et du commerce, mais les sciences et les beaux-arts, et il oublie que ni la culture intellectuelle des anciens, ni l’art du moyen âge, ni la littérature anglaise depuis Bacon et Shakespeare jusqu’à Hume, ne doivent leur origine à l’industrie manufacturière, cette fille des temps modernes. Cette puissante influence sur la civilisation du genre humain, dont List lui fait