Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/486

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d’acquérir des colonies, sont à ses yeux des faiseurs de projets qui arrêtent les progrès de la société. Il n’existe point pour lui de nation ; il ne voit qu’une société, c’est-à-dire des individus réunis. Les individus savent parfaitement l’industrie qui leur est le plus avantageuse, et sont parfaitement en état de choisir les moyens qui les conduiront au bien-être.

Cette annihilation complète de la nationalité et du gouvernement, cette exaltation de la personnalité devenue l’origine de toute force productive, ne pouvaient paraître plausibles qu’autant qu’on prenait pour objet principal de ses études, non pas la force productive, mais le produit, c’est-à-dire la richesse matérielle, ou plutôt uniquement la valeur échangeable du produit. Il fallait que le matérialisme servît d’escorte à l’individualisme, pour cacher les quantités immenses de forces que l’individu puise dans la nationalité, dans l’unité nationale et dans l’association nationale des forces productives. Il fallait réduire l’économie politique à une théorie pure et simple des valeurs, puisque ce sont les individus seuls qui produisent des valeurs, et que l’État, incapable d’en créer, doit borner toute son activité à éveiller, à protéger et à encourager les forces productives des individus. De ce point de vue, l’économie politique peut se résumer de la manière suivante : la richesse consiste dans la possession de valeurs échangeables. Les valeurs échangeables se produisent par le travail individuel uni aux agents naturels et aux capitaux. Les capitaux se forment par l’épargne ou par l’excédant de la production sur la consommation. Plus la masse des capitaux est considérable, plus grande aussi est la division du travail, et, par suite, la puissance productive. L’intérêt privé est le meilleur stimulant au travail et à l’épargne. Le comble de la sagesse, dans le gouvernement, consiste, par conséquent, à ne soumettre l’activité nationale à aucune entrave et à ne pourvoir qu’à la sécurité. Il est insensé de contraindre les particuliers par des règlements à produire eux-mêmes ce qu’ils pourraient faire venir à plus bas prix de l’étranger.

Ce système si conséquent, qui analyse les éléments de la