Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/487

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richesse, qui retrace avec une clarté lumineuse l’œuvre de la production, qui paraît réfuter si péremptoirement les erreurs des précédentes écoles, dut nécessairement être accepté faute d’un autre. Mais, au fond, ce système n’était autre chose que l’économie privée de tous les individus d’un pays ou du genre humain tout entier, telle qu’elle se constituerait s’il n’y avait point de nations ni d’intérêts nationaux, point de guerres ni de passions nationales ; ce n’était qu’une théorie des valeurs, une théorie de comptoir, et non la doctrine qui enseigne comment les forces productives de toute une nation sont éveillées, accrues, entretenues et conservées dans l’intérêt de sa civilisation, de sa prospérité, de sa puissance, de sa durée et de son indépendance.

Ce système envisage tout du point de vue du marchand. La valeur des choses est la richesse ; il ne s’agit que d’acquérir des valeurs. Le développement des forces productives, il l’abandonne au hasard, à la nature ou au bon Dieu, comme on voudra ; il n’y a que le gouvernement qui n’ait rien à y voir, il n’y a que la politique qui ne doive point se mêler de l’accumulation des valeurs. Il veut acheter toujours au meilleur marché ; que les importations ruinent les fabriques du pays, peu importe. Les nations étrangères allouent des primes d’exportation sur leurs produits fabriqués ; tant mieux, il n’en achète qu’à plus bas prix. Ceux-là seuls qui produisent des valeurs échangeables sont des producteurs à ses yeux. Il reconnaît bien dans le détail les avantages de la division du travail ; mais, les effets de cette même division du travail appliquée à la nation, il ne les découvre pas. Ce n’est que par les épargnes individuelles qu’il augmente les capitaux, et c’est seulement dans la mesure de l’accroissement de ses capitaux qu’il peut étendre ses affaires ; quant au développement de la force productive, déterminé par l’établissement de fabriques dans le pays, par le commerce extérieur et par la puissance nationale qui en résultent, il n’y attache aucun prix. L’avenir de la nation lui est indifférent, pourvu que les particuliers acquièrent des valeurs échangeables. Il ne connaît que la rente