Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/49

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pour la cause des chemins de fer, il entretenait une correspondance suivie avec les principales villes d’Allemagne ; il faisait paraître dans les journaux les plus accrédités des articles sans nombre ; il faisait des démarches personnelles, notamment auprès des hommes les plus importants de Berlin. L’opinion publique était vivement émue pour ce grand intérêt national, et, si les gouvernements hésitaient encore, l’industrie particulière se mettait en campagne sur plusieurs points. Ce mouvement fut encore accéléré par le Journal des chemins de fer, que List fonda à la fin de 1835.

Peu après, la même cause le conduisit à Francfort-sur-le-Mein ; dans cette ville, l’idée lui vint d’aller revoir son pays natal après un éloignement de plus de quinze années. Ses compatriotes l’accueillirent à bras ouverts ; tout Stuttgard ne parla pendant quelques jours que du consul List ; il se crut réconcilié avec le gouvernement wurtembergeois ; en Wurtemberg, dans le pays de Bade, on lui témoignait partout les plus grands égards ; la Faculté de droit de Fribourg, après examen des pièces de son procès, en déclara la nullité ; dans sa joie d’une telle réception, il écrivait à sa femme : « Ce sont de braves gens que les Souabes ! », et il était décidé a se fixer de nouveau parmi eux ; mais on refusa de lui rendre sa qualité de citoyen, et l’on consentit seulement à le traiter comme un étranger ayant permission de résider dans le royaume. Cruellement déçu, il retourna à Leipsick, où de nouveaux chagrins l’attendaient ; son Journal des chemins de fer était en voie de prospérité ; le gouvernement autrichien interdit à cette feuille l’entrée du territoire impérial ; et à la même époque, il apprit que la crise financière des États-Unis l’avait à peu près ruiné. Afin de prendre sur ce dernier point des informations exactes et de se remettre des dégoûts dont on l’avait abreuvé dans son pays, à la fin de 1837, il partit pour Paris avec l’une de ses filles, qui écrivait sous sa dictée et qui savait parfaitement le français.

Dans ce voyage, il fit une halte agréable à Bruxelles ; il y fut accueilli poliment par M. Nothomb, cet homme d’État si