Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/50

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spirituel et si aimable ; le roi Léopold lui témoigna de l’intérêt ; enfin, la rencontre du docteur Kolb, dans une excursion à Ostende, renoua d’anciennes relations et ouvrit à l’éminent voyageur les colonnes de la Gazette d’Augsbourg.

En France, sur la recommandation du roi des Belges, il fut admis auprès de Louis-Philippe ; il fut charmé de son entrevue avec ce prince, qui l’entretint de l’Allemagne, de l’Amérique du Nord, des cultivateurs allemands de la Pennsylvanie, et qui parla tour à tour français, allemand et anglais, suivant qu’il était question de l’un ou de l’autre des trois pays. Mais, il fut peu satisfait de la France ; en 1830, venant des États-Unis, il nous avait trouvés frivoles ; alors, plus pénétré encore de l’importance d’un réseau de chemins de fer français, il s’écriait en présence de nos retards et de notre impuissance : « Ces gens-là ne s’intéressent qu’au théâtre et à la guerre. » Le temps qu’il passa dans notre capitale ne fut pas d’ailleurs perdu pour lui ; la préface du Système national explique comment un sujet de prix proposé par l’Académie des sciences morales et politiques tourna son activité vers une question qui l’avait occupé toute sa vie, celle du commerce international, comment un Mémoire improvisé devint peu à peu un volume, et comment, par des articles insérés dans la Revue trimestrielle allemande et dans la Gazette d’Augsbourg, il prépara ses compatriotes à la publication de ce beau livre. Tout entier à la composition de son ouvrage, il vivait dans la retraite, et ne voyait même parmi ses compatriotes que Heine, Venedey et Laube : « Sitôt que j’aurai fini mon premier volume, disait-il à ce dernier, je retournerai en Allemagne, j’y prêcherai une économie nationale pratique, fruit de mon expérience durant vingt années, et je m’y brouillerai avec tous les savants. »

Le reste de sa famille était venue le rejoindre à Paris ; il était plein de santé et paraissait heureux ; la mort de son fils vint troubler sa félicité domestique. Ce jeune homme, dont il avait voulu faire un ingénieur, entraîné par un goût décidé pour la vie militaire, avait pris du service dans notre armée de l’Al-