Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/531

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Le docteur Bowring nous assure que l’industrie de l’Allemagne est protégée aux dépens de son agriculture ; mais quelle foi pouvons-nous mettre dans son assertion, quand nous voyons la demande des produits agricoles, le prix de ces produits, le taux des salaires, la rente et la valeur des bien-fonds augmenter partout dans une proportion considérable, sans que l’agriculture achète les objets manufacturés plus cher qu’auparavant ?

Le docteur Bowring estime qu’en Allemagne on compte trois agriculteurs sur un manufacturier ; mais il ne fait en cela que nous prouver que le nombre des manufacturiers n’est pas encore en rapport avec celui des agriculteurs ; et l’on ne voit pas comment on pourrait rétablir la proportion, si ce n’est en étendant la protection à ces industries qu’exercent encore aujourd’hui en Angleterre, pour approvisionner le marché allemand, des travailleurs qui consomment les denrées de l’Angleterre au lieu de celles de l’Allemagne.

Le docteur Bowring prétend que l’agriculture ne doit s’occuper que de l’étranger pour l’accroissement de ses débouchés ; mais non-seulement l’exemple de l’Angleterre enseigne qu’une forte demande des produits agricoles ne peut être déterminée que par une fabrication indigène florissante, le docteur Bowring lui-même le reconnaît implicitement en exprimant dans son rapport la crainte que, si l’Angleterre retarde encore de quelques années l’abolition de sa loi sur les céréales, l’Allemagne n’ait plus ni blés ni bois à vendre à l’étranger.

Le docteur Bowring est dans le vrai, lorsqu’il soutient que l’intérêt agricole a conservé la prépondérance en Allemagne ; mais cet intérêt, par cela même qu’il est prépondérant, doit, ainsi que nous l’avons montré dans de précédents chapitres, travailler, par le développement de l’intérêt manufacturier, à établir un juste équilibre ; car la prospérité de l’agriculture repose sur son équilibre avec l’intérêt manufacturier et non sur sa propre prépondérance.

Mais l’auteur du rapport se trompe complètement, à notre avis, en affirmant que l’intérêt des manufactures allemandes