Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/542

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expliqués. » Si M. Ferrier et le docteur Bowring tiennent un tel langage, si le cabinet anglais agit comme ils parlent, qui pourrait le leur reprocher ? C’est l’instinct anglais qui parle et qui agit chez eux. Mais attendre monts et merveilles pour l’Allemagne de propositions émanées d’une telle source, c’est en vérité dépasser la mesure de notre facilité nationale.

« Quoi qu’il arrive, ajoute M. Ferrier, la Hollande doit être toujours considérée comme le principal intermédiaire des communications de l’Allemagne méridionale avec les autres pays. » Il est évident que, par les autres pays, M. Ferrier entend seulement l’Angleterre, et qu’il veut dire : « Si la suprématie manufacturière anglaise perd ses têtes de pont allemandes sur la mer du Nord et sur la Baltique, il lui reste du moins une autre grande tête de pont, la Hollande, pour approvisionner l’Allemagne du Midi en articles fabriqués et en denrées coloniales. » De notre point de vue national à nous, voici ce que nous disons et ce que nous soutenons : « La Hollande est, par sa situation géographique, par ses relations commerciales et industrielles, par l’origine de ses habitants et par leur langage, une province allemande, séparée à l’époque des déchirements intestins de la contrée, et qui doit lui être de nouveau incorporée, sans quoi l’Allemagne ressemblerait à une maison dont la porte serait la propriété d’un étranger. La Hollande appartient à l’Allemagne tout aussi bien que la Bretagne et la Normandie à la France, et tant que la Hollande voudra former un État distinct, l’indépendance et la puissance de l’Allemagne seront aussi peu réelles que l’eussent été celles de la France, si la Bretagne et la Normandie fussent restées aux mains des Anglais. Si la Hollande a perdu sa puissance commerciale, c’est à son insignifiance territoriale qu’elle doit s’en prendre. Malgré la prospérité de ses colonies, la Hollande continuera de déchoir, parce qu’elle n’est pas en état de suffire aux frais immenses d’un établissement militaire et naval. Ses efforts pour conserver sa nationalité ne serviront qu’à l’endetter de plus en plus. Elle ne demeure pas moins subordonnée à l’Angleterre, dont elle ne